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Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 22.djvu/155

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REVUE LITTÉRAIRE
DE L’ALLEMAGNE.

KUR-MAINZ (ÉLECTORAT DE MAYENCE EN 1572),
PAR G.-E. GUHRAUER.

En 1803, un écrivain anonyme, vraisemblablement soldé par le ministère anglais, publia à Londres une espèce de pamphlet qui produisit une assez vive sensation. Il venait de découvrir le projet d’une expédition en Égypte présenté à Louis XIV par Leibnitz, et, en dévoilant ainsi les combinaisons du philosophe allemand, en faisant ressortir la justesse de ses aperçus, l’auteur du pamphlet arrivait tout naturellement à démontrer que Napoléon n’avait pas conçu lui-même le plan de son expédition en Égypte, qu’il l’avait pris comme un écolier dans les manuscrits de Leibnitz[1]. Là-dessus on vit s’élever d’ardentes contestations littéraires. Les partisans de Napoléon, s’imaginant que sa gloire était sérieusement compromise si l’on pouvait prouver qu’il avait emprunté à qui que ce fût l’idée de son expédition, repoussèrent avec violence les argumens du pamphlétaire anglais. Par la même raison, ses ennemis s’empressèrent de les accueillir. Dans ce conflit de deux opinions opposées, quelques hommes sages essayaient, mais en vain, de faire voir qu’en admettant la thèse de l’écrivain anglais, le génie de Napoléon n’en serait pas moins grand, qu’il aurait toujours eu l’honneur d’achever une entreprise que Louis XIV n’avait pas même pu comprendre.

Un écrivain allemand, partant d’un autre point de vue, écrivit en 1806 un livre[2] dans lequel il cherchait à faire voir que Bonaparte n’avait lui-même

  1. A summary account of Leibnitz’s memoirs addressed to Lewis the fourteenth.
  2. Napoleon Bonaparte und das franzœsische Volk unter ihm. — Ces deux livres, cités par M. Guhrauer, sont aujourd’hui fort rares.