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Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 22.djvu/226

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et même aux traités de la république avec les puissances étrangères. Tout enfin n’était que confusion et anarchie. On a vu que le décret du 6 avril 1830 avait interdit aux Anglo-Américains toute émigration ultérieure sur le territoire du Texas, sauf en ce qui concernait l’exécution des contrats existans. L’année suivante, le gouvernement de l’état de Cohahuila et Texas nomme un commissaire pour mettre quelques émigrans en possession de terres qui leur avaient été concédées. Le commandant-général des provinces orientales de la république croit devoir s’y opposer et fait jeter le commissaire en prison. Cet officier supérieur avait peut-être raison, comme fonctionnaire mexicain ; mais, dans la forme, l’acte était arbitraire, et il excita un grand mécontentement. Ce ne fut pas le seul. Par suite du même esprit d’opposition entre l’autorité militaire et le gouvernement de l’état, la première prononça la dissolution d’un corps municipal légalement élu et installé du consentement de l’autorité rivale, en établit un autre sans consulter celle-ci, et menaça de recourir à la force pour empêcher la population de procéder à des élections régulières. Sur ces entrefaites, on apprend que le commandant d’Anahuac a fait arrêter plusieurs colons anglo-américains. Aussitôt (c’était dans les premiers jours de 1832) leurs concitoyens établis dans cette partie de la province, ne prenant conseil que de leurs ressentimens, se soulèvent, paraissent en armes devant la forteresse et somment l’officier de rendre la liberté à ses prisonniers. Le soulèvement l’avait pris au dépourvu ; il n’osa pas résister ouvertement, promit de relâcher les détenus, et réclama seulement un ou deux jours de délai, afin, dit-il, de régler quelques mesures indispensables. Mais il avait demandé du secours au commandant de Nacogdoches, et méditait une perfidie. Les colons se retiraient, confians dans sa promesse, quand il les fit traîtreusement attaquer. Ceux-ci retournent sur leurs pas, et tombent au milieu d’un détachement mexicain sous les ordres de Piedras, commandant de la garnison de Nacogdoches. Cependant, loin de perdre courage, et malgré la supériorité des forces ennemies, ils font si bonne contenance, que Piedras s’estime heureux d’éviter le combat, en promettant de rendre la liberté aux prisonniers d’Anahuac. Cette fois la promesse fut accomplie, et les insurgés, contens d’avoir atteint leur but, se dispersèrent sans autre incident.

Tandis que ces évènemens se passaient dans les districts orientaux du Texas, un soulèvement bien plus grave menaçait la république d’une nouvelle révolution, qui devait s’opérer sous les auspices de Santa-Anna. Le 2 janvier 1832, les officiers de la garnison de la