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Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 22.djvu/251

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LE TEXAS ET SA RÉVOLUTION.

meurer indépendant. Ses ressources sont immenses, et son ascendant sur toute la partie septentrionale de la république mexicaine est bien plus assuré par l’état actuel des choses qu’il ne pourrait l’être par un mode différent d’existence politique.

Je ne pousserai pas plus loin ce récit des évènemens qui ont amené la révolution du Texas et qui ont affermi son indépendance. L’histoire des trois dernières années se réduit d’ailleurs, pour l’Europe, à quelques vues d’ensemble, qu’il serait facile de résumer en peu de mots. Ce qu’elle présente de plus saillant dans les rapports extérieurs du nouvel état, c’est sa reconnaissance par le gouvernement français ; dans ses rapports intérieurs, c’est le progrès non interrompu de sa population, surtout depuis la nomination du général Lamar à la présidence de la république. Après un voyage de quelques mois dans l’intérieur du pays, je ne reconnaissais plus les villes que j’avais vues les premières, tant les constructions publiques et privées s’y multipliaient rapidement. Le Texas, qui ne comptait pas plus de soixante-dix mille ames à la fin de 1836, en a aujourd’hui plus de deux cent cinquante mille. L’agriculture, le commerce, l’organisation de la force publique, ont marché du même pas. Il s’est formé une marine ; l’armée est nombreuse, mais toujours plus ardente que bien disciplinée ; le produit des douanes, et principalement de la douane de Galveston, accuse tous les trois mois un accroissement considérable dans le mouvement du commerce maritime. Pour la production du coton, le Texas est sans rival. Le coton y est à la fois plus beau et plus abondant sur la même étendue de terrain que dans les états les plus favorisés de l’Union américaine ; et, sous ce rapport, le Texas n’a qu’un danger à craindre, c’est l’excès de production.

Les terres qui s’étendent au-dessous de la rivière Rouge jusqu’à 70 ou 80 milles du golfe du Mexique, peuvent donner, année moyenne, d’une balle à une balle et demie par acre (l’acre représente à peu près la moitié d’un hectare de France) ; celles qui appartiennent à la zone du littoral, de la Sabine au Rio-Grande, donnent communément de deux à trois balles par acre, et plus encore dans certaines localités. Chaque balle de coton représente un poids de 500 livres au moins ; un hectare au Texas peut donc donner, chaque année, de deux à trois mille livres de coton brut : fertilité merveilleuse si on la compare avec la production de quelques localités de l’Union. Dans l’Alabama, le colon ne récolte le plus souvent que six cents livres par acre, c’est-à-dire un peu plus d’une balle, et cer-