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Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 22.djvu/541

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LES SCIENCES EN FRANCE.

des hommes qui, quoique très distingués, ne seraient pas les plus aptes à y entrer par la nature de leurs études.

Et d’ailleurs, ce n’est pas seulement dans l’intérêt de l’Institut, c’est aussi dans celui des hautes études et du public que le partage en sections me paraît utile ; car l’Institut n’est pas seulement destiné à accueillir les hommes éminens que la France a produits : il doit aussi s’efforcer de faire éclore les talens, et d’empêcher qu’aucun sujet important d’études ne soit négligé chez nous. Or, s’il arrivait, par des circonstances quelconques, qu’une des branches des connaissances humaines représentées dans les académies où il n’y a pas de sections fût moins cultivée en France, et que la faveur du public se portât de préférence vers d’autres études, il en résulterait nécessairement qu’à chaque vacance l’académie dont il s’agit se verrait forcée de se transformer, et qu’enfin une branche importante des sciences ou des lettres pourrait se trouver ainsi délaissée par le public et exclue de l’Institut ; tandis que, par la division en sections, les savans seront toujours avertis qu’il y a des études qu’on ne saurait négliger. L’empressement avec lequel on désire être admis à l’Institut doit prouver à tout le monde qu’une place vacante ne restera jamais sans aspirans. Néanmoins, pour stimuler toujours le zèle des savans, il faudrait que chaque fois qu’il le jugerait nécessaire, ce corps illustre usât du droit de renvoyer l’élection à un temps où il y aurait des candidats d’un mérite supérieur. Peut-être même le délai de six mois qu’une académie, d’après les réglemens, peut laisser écouler entre le moment où elle est consultée et le jour de l’élection, n’est-il pas suffisant et n’a-t-il aucun résultat utile. Il est évident en effet que, s’il n’existe déjà, en six mois il ne se formera pas un homme capable d’entrer à l’Institut, et qu’après avoir déclaré tacitement par un ajournement qu’aucun des candidats ne mérite d’être élu, on sera forcé à six mois d’intervalle de choisir un académicien parmi les mêmes candidats. À la vérité, après un premier délai, l’académie a le droit d’ajourner encore l’élection. Mais d’abord il est bien difficile que la section qui doit faire la présentation résiste ainsi à plusieurs reprises à l’impatience et aux sollicitations des candidats ; et effectivement ces ajournemens réitérés sont excessivement rares, et puis, comme on ne pourrait jamais savoir d’avance si l’on obtiendrait un nouveau délai, personne ne voudrait entreprendre, dans l’espoir de mériter les suffrages de l’académie, un travail dont la durée dépasserait six mois ; et l’on sait que cet espace de temps est insuffisant, non seulement pour achever un travail digne de fixer l’attention de l’Institut, mais même pour en