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L’HINDOUSTAN. — AFFAIRES DE CHINE.

Nous ne saurions avoir la prétention de peindre ici ce vaste tableau ; nous voulons seulement en marquer les contours, en arrêter le trait pour ainsi dire, afin que l’œil puisse en saisir l’ensemble, et que les détails tracés par d’autres mains viennent s’y placer avec les couleurs qui leur sont propres, sur les plans qui leur conviennent, dans les rapports qu’ils doivent conserver entre eux.

Nous nous bornerons donc, d’après les documens officiels, les renseignemens que nons avons recueillis, et les données les plus récentes et les plus exactes, à exposer succinctement l’état actuel de l’empire hindo-britannique. Il faut constater ce qui est avant de songer à prévoir ce qui sera. Mais, pour bien comprendre le présent, il faut jeter un coup d’œil sur le passé, et, avant tout, il convient de décrire la scène où, après tant et de si grandes catastrophes, une poignée de soldats au service d’une compagnie de marchands a, sans le savoir et sans le vouloir, décidé, au profit de l’humanité, du sort de tant de millions d’hommes.

Ici nous nous voyons forcé de nouveau d’entrer dans quelques détails dont nous ne nous dissimulons pas l’aridité, mais qui nous paraissent d’autant plus indispensables à l’intelligence complète du sujet, que les relations des voyageurs et les conjectures des géographes ont donné naissance à une foule de notions confuses ou contradictoires.

Arrêtons d’abord nos regards sur l’Inde connue des anciens. Les limites géographiques de la partie de l’Asie, que les Grecs et les Romains désignaient sous ce nom, ne sont peut-être pas bien exactement déterminées ; mais il paraît probable qu’ils entendaient par ce mot l’ensemble des contrées habitées par les Indi (Hindous), contrées désignées d’une manière tout-à-fait semblable par le mot persan Hindou-St’hân, qui a passé dans notre langue. Quelques géographes modernes considèrent les limites de l’Hindoustan comme déterminées par les points extrêmes où la religion hindoue a pénétré, et Hamilton, dans sa Description de l’Hindoustan, observe que ce mode de démarcation a l’avantage de coïncider admirablement de trois côtés avec les barrières naturelles que présentent l’immense chaîne de l’Himalaya, l’Indus et l’Océan ; mais cette observation semble peu exacte, puisque au-delà de ces barrières la religion hindoue a laissé des traces évidentes, comme au nord-ouest de l’Indus (où se trouve peut-être le berceau de la race hindoue), à l’est du Brahmapouttra, dans les îles de la Sonde, etc. Il semble plus naturel de consulter, sur la position et les limites de l’Inde ancienne, l’autorité des Hindous eux-mêmes.

Les brâhmes désignent l’Hindoustan sous le nom de Bhârat-Khand