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Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 22.djvu/861

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DE LA POPULARITÉ
DE
NAPOLÉON.

La France donne à l’Europe, depuis deux semaines, un spectacle dont elle doit éprouver le besoin de se rendre compte à elle-même ; car il n’en est pas de plus propre à provoquer de sérieuses méditations. À peine un ministre eut-il annoncé à la tribune législative qu’une pieuse restitution était sur le point de s’accomplir, que l’assemblée, faisant trêve et aux divisions qui la partagent et aux intérêts si vivement excités, sembla subir la puissance d’un souvenir prestigieux, et laissa éclater une acclamation semblable à la voix long-temps contenue de tout un peuple. Sortie de l’enceinte législative, la grande nouvelle circula comme font les bruits populaires, jusqu’aux extrémités du royaume ; et à cette heure le seul évènement pour la France, des grèves de la Bretagne aux chaumières des Pyrénées, c’est que les restes de l’empereur vont, après vingt années, traverser l’Océan pour reposer aux bords de la Seine, dans son dernier tombeau, selon son dernier vœu. Il n’est pas un vieux soldat qui ne se redresse sur le soc de sa charrue, pas un enfant qui n’écoute avec un redoublement d’attention les merveilleuses histoires de l’empire ; il