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Page:Revue des Deux Mondes - 1844 - tome 6.djvu/173

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POÉSIE.


Si tu t’es un peu détourné,
Tu t’es à coup sûr promené
Près de Ravenne,
Dans ce triste et charmant séjour
Où Byron noya dans l’amour
Toute sa haine.

C’est un pauvre petit cocher
Qui m’a mené sans accrocher
Jusqu’à Ferrare.
Je désire qu’il t’ait conduit.
Il n’eut pas peur, bien qu’il fît nuit ;
Le cas est rare.

Padoue est un fort bel endroit
Où de très grands docteurs en droit
Ont fait merveille.
Mais j’aime mieux la polenta
Qu’on mange au bord de la Brenta
Sous une treille.

Sans doute tu l’as vue aussi,
Vivante encore, Dieu merci,
Malgré nos armes,
La pauvre vieille du Lido
Nageant dans une goutte d’eau
Pleine de larmes.

Toits superbes ! Froids monumens !
Linceul d’or sur des ossemens !
Ci-gît Venise.
Là mon pauvre cœur est resté.
S’il doit m’en être rapporté,
Dieu le conduise !