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Si le droit de 25 francs les 100 kilogrammes est trop élevé pour les huiles d’olive, il est surtout excessif par rapport aux huiles de graines grasses, dont la valeur est moindre. Dans ce cas, il devient même prohibitif. Aussi l’importation de ces huiles n’a-t-elle été que de 8,000 kilogrammes en 1845, et de 1,000 seulement en 1844, chiffres tout-à-fait insignifians eu égard à l’étendue des besoins. On peut dire, il est vrai, que, le droit sur les graines grasses ayant été jusqu’en 1845 assez faible, on trouvait plus d’avantage à importer les graines que les huiles qui en proviennent. Il n’en est pas moins certain que, si le droit avait été plus modéré, les huiles seraient entrées concurremment avec les graines, au grand avantage de l’industrie en général. Cela n’eût-il produit d’autre effet que de modérer ces extrêmes variations auxquelles les cours des huiles sont si sujets en France, et qui viennent en grande partie des intermittences forcées de la fabrication[1], on aurait encore rendu un grand service, non-seulement aux diverses industries qui emploient les huiles, mais encore à celles qui les fabriquent. Le droit sur les huiles de graines grasses devrait donc être réduit tout au moins à 10 francs les 100 kilogrammes. Peut-être même cette réduction serait-elle encore insuffisante pour provoquer une importation notable, et alors il conviendrait d’en opérer une plus forte, jusqu’à ce que les huiles étrangères vinssent jouer un rôle nécessaire sur nos marchés. Dire que cette importation se ferait au détriment de nos producteurs, c’est manquer du vrai sens industriel. Loin de là, elle ne ferait que développer, étendre en France les nombreuses industries auxquelles l’huile sert d’aliment, et par là elle ouvrirait aux produits de notre agriculture un débouché plus étendu, plus régulier et plus certain. C’est alors aussi que les huiles de graines grasses, au lieu de présenter au trésor ces recettes ridicules, qui vont de 800 à 6,000 francs par an, lui procureraient un revenu respectable, que nous évaluerons seulement, pour ne rien exagérer, à 1 million.

Le droit sur les huiles de palme et de coco, plus modéré que les précédens (4, 12 et 14 francs les 100 kilogrammes), a produit aussi davantage (162,427 francs en 1845), quoique ces huiles soient comparativement d’un médiocre usage en France. Nous réduirions toutefois ce droit à 8 francs au maximum, avec la certitude d’en augmenter encore le produit.

  1. La plupart des moulins qui fabriquent l’huile dans le nord sont des moulins à vent. Quand le vent fait défaut, ce qui arriva quelquefois pendant un temps assez long, la fabrication est forcément arrêtée, et alors les cours s’élèvent outre mesure pour retomber ensuite brusquement quand la fabrication est reprise. De là des inégalités continuelles et des désordres dont tout le monde souffre, même ceux qui croient en profiter. La facilité de l’importation des huiles étrangères aurait pour effet certain d’atténuer, sinon de faire disparaître entièrement ces inégalités.