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étrangers. C’est une de ces combinaisons soi-disant ingénieuses dont le législateur s’avise pour favoriser notre marine en lui fournissant l’occasion des longs voyages. Malheureusement c’est dans les pays d’Europe que le cuivre abonde, ou, s’il se trouve en grandes quantités dans quelques pays lointains, comme, par exemple, au Chili et au Pérou, c’est à l’état de minerai, que la législation actuelle sur les houilles et sur les cokes ne nous permet guère d’utiliser dans nos ports. Que penser dès-lors d’une telle combinaison ? Elle a paru si heureuse pourtant, que la loi du 9 juin 1845 l’a étendue aux cuivres de première fusion alliés de zinc ou d’étain, produits sur lesquels le tarif antérieur n’avait établi qu’une différence de 1 fr. à 2 fr., selon les provenances, quand ils étaient importés par navires français. Est-il rien de plus extraordinaire que cette persévérance aveugle dans une politique fausse, déjà si hautement condamnée par ses résultats ? On prétend favoriser notre marine en la forçant, par des différences exagérées de droits, à aller chercher dans les pays lointains des produits qui n’y sont pas ou qu’on n’y trouve qu’en médiocre quantité et à des conditions onéreuses, et en même temps on l’empêche de rapporter de ces pays les produits qui s’y trouvent et qui ne se trouvent que là. L’expérience montre, au reste, comment ces ingénieux procédés conduisent au but qu’on se propose.

Il y a pourtant une observation à faire sur ce sujet. Depuis un certain nombre d’années, c’est l’Angleterre qui est en possession de fournir à l’Europe la plus grande partie du cuivre de première fusion qui s’y consomme. Elle a dû cet avantage non-seulement à l’abondance de ses mines de cuivre et de ses houilles, mais encore et surtout aux facilités dont elle a joui par rapport à l’importation et à la mise en œuvre du minerai étranger. En vertu d’une loi adoptée en 1826 ou en 1827, il fut permis d’importer dans ce pays le minerai étranger par toutes sortes de navires et en franchise de droits, pour y être fondu en entrepôt, à charge de réexportation. Sous l’empire de cette loi, l’industrie qui s’applique à la fusion du minerai de cuivre acquit une grande importance en Angleterre, et les entrepôts anglais devinrent les centres d’approvisionnement de la plus grande partie de l’Europe. Cependant cette faculté de fondre le minerai de cuivre en entrepôt a été retirée en 1842. Tous les minerais étrangers ont été soumis dès-lors à l’application des droits, et, comme par cela même ils tombaient sous le coup de la loi de navigation, il n’a plus été permis de les importer, des pays hors d’Europe, que par navires anglais. Avec ce double désavantage, l’industrie de la fusion du cuivre n’a pu se soutenir dans son ancienne splendeur. Elle décline depuis 1842 et tend visiblement à se transplanter ailleurs. Déjà quelques établissemens se sont formés sur le littoral des États-Unis et dans les villes anséatiques. Il y a plus : les principaux