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Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 9.djvu/316

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questions par les recueils mensuels, et ils ne rachètent pas toujours ce retard inévitable par la supériorité de la rédaction ; mais le principal obstacle qui a arrêté le développement des recueils trimestriels aux États-Unis a été la concurrence qu’ils ont toujours rencontrée dans les revues anglaises. Il n’est en effet aucune de celles-ci qui, aussitôt après la publication à Londres ou à Édimbourg, et dans les quarante-huit heures qui suivent l’arrivée en Amérique, ne soit réimprimée à Boston, à New-Haven, à New-York et à Philadelphie. Or, comme les libraires américains qui se livrent à cette spéculation médiocrement honnête n’ont à supporter que les frais du papier et de l’impression, la Revue d’Édimbourg, la Quarterly Review, la Revue de Westminster non-seulement se vendent aux États-Unis meilleur marché qu’en Angleterre, mais y coûtent moins cher que les revues américaines, qui, outre leurs frais matériels, ont un personnel de rédaction à payer. La North British Review et le Christian Observer de Londres, organes des deux partis entre lesquels se divise l’église anglicane, et qu’on appelle la haute et la basse église, sont également réimprimés aux États-Unis aussitôt après la publication. Il en est de même du reste de la plupart des magazines anglais, et spécialement du Blackwood’s Magazine, recueil radical qui a plus d’abonnés en Amérique qu’en Angleterre, sans que ses propriétaires et ses rédacteurs en tirent le moindre profit. Il existe en outre aux États-Unis diverses publications périodiques, telles que le Magasin éclectique, le Magasin international, le Magasin de Harper, le Littell’s Living Age, qui ont pour unique destination de reproduire les meilleurs articles des recueils de Londres et d’Édimbourg. Ces réimpressions des publications étrangères ont fait aux recueils nationaux une concurrence d’autant plus irrésistible que les Américains ont été moins prompts ix secouer le joug de l’Angleterre en littérature qu’en politique.

Nous avons eu déjà occasion de dire que le premier essai d’une revue américaine fut l’œuvre de M. Robert Walsh, qui, en 1811, fonda à Philadelphie l’American Review of History and Politics. Cette tentative était prématurée, et le moment était d’autant moins favorable que la guerre absorbait l’attention de tous les esprits. Le recueil de M. Walsh ne vécut que deux années. Une existence plus courte encore fut le partage du General Repertory and Review, recueil de littérature et de théologie établi à la fin de 1812, à Cambridge près de Boston, par Andrews Norton avec le concours des professeurs de la plus florissante université du Massachusetts : la publication s’arrêta après le quatrième numéro. Enfin en 1815 naquit la Revue de l’Amérique du Nord, la plus ancienne et la plus prospère des revues américaines, et la seule jusqu’ici qui ait marqué sa trace. Faire l’histoire