Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 9.djvu/324

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’université anglaise de Cambridge, le docteur Lee, reconnaissait que l’Angleterre n’avait aucun recueil ni même aucun livre qui fût comparable à cette publication américaine. Quelques années plus tard, le célèbre professeur de théologie de l’université de Halle, Tholuck, proclamait le Biblical Repository un livre vraiment classique. La direction de ce recueil n’empêchait pas Robinson de poursuivre un grand ouvrage, les Recherches bibliques (Biblical Researches), qui devaient être le résumé de tous ses travaux, et qui ont obtenu l’admiration de Ritter et de toute l’Allemagne savante. Désireux d’y mettre la dernière main et de vérifier par lui-même la géographie des lieux-saints, Robinson partit à la fin de 1837 pour Jérusalem; mais son absence se prolongea plus qu’il n’avait pensé, car, après avoir visité la Palestine et la Syrie, il passa deux années entières à Berlin pour revoir et compléter son livre. A son retour à Andover en 1843, il annonça, sous le titre de Bibliotheca sacra, la publication d’un recueil trimestriel, exclusivement consacré à l’exégèse, qu’il rédigea seul pendant six ans. Après le départ de Robinson, Stuart, aidé des professeurs Park et Shepard et des autres membres du séminaire d’Andover, avait continué avec un succès croissant la publication du Biblical Repository. Après avoir absorbé en 1833 un recueil du même genre, le Quarterly Observer, le Repository absorba en 1839 l’American Spectator, et en 1850 ce fut le tour de la Bibliotheca sacra elle-même. Le Biblical Repository est toujours au premier rang des recueils théologiques des États-Unis, et on a plusieurs fois imprimé en Angleterre, avec un grand succès, un choix de ses meilleurs articles.

Nous voilà arrivé au terme de la tâche difficile que nous nous étions imposée. Nous nous sommes efforcé de dire le bien et le mal sur la presse périodique des États-Unis avec une équitable impartialité, et quoique nous n’ayons dissimulé ni les écarts des publicistes américains, ni les progrès qu’il leur reste à accomplir, nous croyons que l’opinion qui demeurera dans les esprits sera plutôt favorable que contraire. La presse américaine n’est encore aujourd’hui qu’un levier puissant, mais elle contient déjà tous les germes d’un grand mouvement intellectuel. A mesure qu’une prospérité sans exemple augmentera et fortifiera aux États-Unis les classes qui peuvent élever leurs idées au-dessus du culte des intérêts matériels, des besoins nouveaux se révéleront, qui ne trouveront leur satisfaction que dans les jouissances de l’esprit. Alors les lettres tiendront dans la vie des Américains la place qui leur revient de droit chez toutes les nations civilisées, et la presse, qui aura préparé et rendu possible ce triomphe de l’esprit sur la matière, en recueillera sa bonne part.


CUCHEVAL-CLARIGNY.