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partie, s’appelle encore porta Seltimiana; il établit une voie, la via Severiana, qui, partant d’Ostie, suivait le bord de la mer : produits de l’activité d’un empereur dont la devise eût pu être ce mot d’ordre déjà cité : Travaillons (laboremus).

Si je suivais l’histoire monumentale de Rome hors de Rome même, j’aurais à mentionner ce mur ou rempart élevé par Septime-Sévère à travers l’île de Bretagne pour protéger les établissemens romains contre les populations insoumises du nord de l’Angleterre et de l’Ecosse[1], grand ouvrage analogue à celui dont Adrien et Antonin étaient les auteurs, et qui ne suffisait plus. Rome se retranchait déjà; elle élevait contre ses ennemis des remparts aux extrémités de son empire. Le jour approchait où elle serait obligée de reporter en arrière ses moyens de défense et de se fortifier elle-même, en opposant aux Barbares, devenus menaçans pour le centre de l’empire, le mur d’Aurélien.

Il ne reste rien d’un édifice à sept étages bâti par Septime-Sévère, et qu’on appelait le Septizonium. Il l’avait placé devant le palais impérial, vers l’angle méridional du Palatin, pour frapper les yeux de ses compatriotes africains quand ils arrivaient à Rome. C’est peut-être par la même raison qu’il avait construit ses thermes de ce côté. Le sentiment que Spartien prête à Septime-Sévère est un signe curieux de ce patriotisme de province, sentiment nouveau qui venait se mettre à côté du vieux patriotisme romain, et devait l’effacer. L’Africain se retrouve là comme dans les traits de Sévère, comme dans son accent, comme dans son éloquence, qui était carthaginoise. Au sein de l’unité romaine, les nationalités commencent à se dessiner; on pressent la diversité des temps modernes.

La disposition particulière qui donna au Septizonium son nom n’était pas nouvelle. Les régionnaires indiquent un autre Septizonium sur le mont Esquilin, près des thermes de Titus et de la maison où cet empereur naquit. Sévère parait avoir affectionné ce genre de construction, car c’est dans un troisième Septizonium érigé sur la voie Appienne, et destiné par lui à sa propre sépulture, que fut porté le corps de son fils Géta. Quant au Septizonium du Palatin, trois des sept étages existaient encore au temps de Sixte-Quint, le grand bâtisseur, mais qui, comme on l’a fait pendant tout le XVIe siècle et depuis jusqu’à nos jours, n’a bâti qu’en détruisant beaucoup.

Avant d’arriver à l’antiquité la plus considérable qui nous reste de Septime-Sévère, à son arc de triomphe, je dois dire un mot d’un

  1. Je suis d’autant moins tenté d’empiéter sur un sujet placé en dehors de ces études, que je le sais en bonnes mains, car il ne peut manquer d’être savamment traité dans l’écrit que prépare M. Noël Desvergers sur la domination des Romains en Angleterre.