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Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 19.djvu/1003

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présenté par M. de Cavour au traité de Paris. Enfin, pour clore cet intéressant examen des révélations que les premières séances du parlement anglais ont apportées sur la question de paix ou de guerre, rappelons deux informations précieuses données par lord Derby. Le ministère anglais a reçu de la part de la France et de la part de l’Autriche des assurances qu’il serait impossible de ne point regarder comme décisives pour le maintien de la paix : le gouvernement français lui a répondu que « tant que l’Autriche ne sortirait point de ses limites, la Sardaigne ne devait attendre aucun secours de la France pour une guerre agressive ; l’Autriche de son côté a énergiquement déclaré, et lord Derby croit à sa sincérité, qu’elle n’avait pas l’intention de s’immiscer dans les affaires intérieures d’aucun de ses voisins, qu’elle voulait se renfermer dans ses limites et dans les obligations des traités, et diriger son attention exclusive sur l’administration de ses propres provinces. »

Récapitulons une dernière fois les faits qui ressortent des débats du parlement anglais : l’observation fidèle des traités unanimement invoquée dans une assemblée qui peut être à bon droit considérée comme l’écho le plus retentissant de l’opinion publique européenne ; l’alliance anglo-française recommandée avec une sincérité incontestable au nom des raisons les plus élevées ; les maux de l’Italie reconnus et déplorés ; la source principale de ces maux, — l’intervention étrangère, — signalée dans l’état dont la situation politique est la plaie de la péninsule ; le Piémont un peu gourmande à la vérité dans l’impatience ambitieuse et les velléités belliqueuses qu’on lui attribue, mais loué avec chaleur dans ses institutions libérales, sérieusement écouté dans son action diplomatique, puisque c’est à son programme de 1856 que l’on emprunte la nécessité de réformer immédiatement le gouvernement romain et la pensée d’interdire à l’avenir l’immixtion militaire d’une puissance isolée dans les affaires des petits états italiens ; — une négociation conseillée à la France et à l’Autriche pour arriver à la réforme des états pontificaux, et le concours de l’Angleterre et des signataires du traité devienne promis aux résultats de cette négociation ; — enfin, au sujet des craintes que ferait naître la possibilité d’une explosion de guerre, la révélation des dispositions rassurantes montrées par l’Autriche et la France, déclarant : l’une qu’elle ne sortira point de ses limites et qu’elle ne se mêlera point des affaires de ses voisins, et l’autre, que si l’Autriche ne sort pas de ses limites, elle ne secondera pas le Piémont dans une guerre d’agression.

Certes le discours que l’empereur a prononcé le 7 février devant la réunion du corps législatif et du sénat a par lui-même une signification assez claire ; mais il nous semble que le rapprochement des débats antérieurs du parlement anglais ajoute, par l’abondance des points de vue et le développement des appréciations, plus de force encore et de décision aux déclarations impériales. L’empereur se réfère au mot célèbre qu’il a donné lui-même pour devise au régime actuel : « l’empire, c’est la paix. » L’état de l’Italie n’est pas à ses yeux un motif suffisant de croire à la guerre. Il espère que Ja paix ne sera point troublée ; il proteste avec chaleur, et en rappelant les gages incontestables qu’il a donnés à l’alliance anglaise, de sa persévérance à conserver cette alliance. La dignité d’un souverain lui interdit sans