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des eaux. L’expédition dut songer au retour ; elle avait dépassé de vingt minutes le vingtième parallèle au sud de l’équateur. Elle revint à travers des régions voisines de celles qu’elle avait traversées, et présentant la même physionomie alternative de sables et de prairies. Elle se retrouvait à son point de départ en mai 1856. La fin de l’année fut consacrée, à une exploration dans le sud-est ; M. Gregory suivit en partie l’itinéraire tracé par Leichardt dans son voyage de 1845, le long de la côte nord et nord-est ; il reconnut la rivière Albert, plusieurs autres de celles qui, coulant du sud au nord, se déversent dans le golfe de Carpentarie, et atteignit à la fin de novembre les établissemens les plus septentrionaux de la Nouvelle-Galles du Sud, d’où il gagna la baie Moreton, puis Sydney.

Le résultat le plus net de cette longue exploration était de démontrer une fois de plus qu’il ne faut guère espérer franchir en ligne droite l’Australie ; on est arrêté à une certaine distance des côtes par d’immenses déserts ; les rivières ne peuvent pas être d’un grand secours à cause de l’inégalité du volume de leurs eaux, des obstacles qui entravent leur cours, et aussi parce qu’elles se perdent dans des lagunes ou même dans les sables. Toutefois les rivages sont fertiles au nord comme au sud, et une partie de la vallée du fleuve Victoria, avec ses terres cultivables et ses abondans pâturages, peut devenir le foyer d’un établissement qui aura pour se développer une immense lisière de terres fertiles le long de la mer. D’une autre part, à mesure qu’on s’avance dans le nord-ouest, les cours d’eau se multiplient, et avec eux la végétation. Il semble qu’il y ait là, entre l’extrémité orientale du golfe de Carpentarie, la rivière Murray et ses affluens, au nord et à l’ouest de la Nouvelle-Galles et de la colonie de Victoria, une vaste portion du sol de l’Australie qui puisse entrer, en partie du moins, dans le domaine de la colonisation, et c’est sur ce point que doivent se concentrer désormais les efforts des voyageurs anglais.

C’est en effet cette région que l’infatigable Gregory a choisie pour le nouveau théâtre de ses efforts, et il paraît que ses recherches ont été couronnées cette fois d’un plein succès. Des renseignemens parvenus à la société géographique de Londres donnent à espérer qu’en suivant la rivière Victoria du major Mitchell, qu’il faut bien distinguer de celle qui se jette dans le golfe de Cambridge, il aurait pu reconnaître tout ce réseau de rivières dont nous ne tenons jusqu’ici que des fragmens incomplets, trouver des communications les reliant entre elles, et ouvrir à l’exploitation des squatters et des settlers de nouveaux et vastes domaines.

Pour compléter la série des récentes explorations dont l’Australie vient d’être le théâtre, il nous reste encore à dire quelques mots