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effet pour rendre électriques des corps qui ne l’étaient pas. Cette propriété, constatée pour la première fois dans la tourmaline, a été reconnue dans d’autres cristaux. Les actions mécaniques donnent également naissance à de l’électricité. Il y a longtemps qu’on a noté le développement de l’électricité par le frottement. Toute autre cause qui détermine dans un corps solide un mouvement moléculaire produit encore de l’électricité. Ainsi il suffit de couper avec un corps tranchant, de limer ou de racler de la gomme laque, du soufre, de la résine, de la cire, du suif, du chocolat, etc., pour que les fragmens, en tombant sur un électroscope, instrument destiné à révéler la présence de l’électricité, le chargent de force électrique, et déterminent même des étincelles. Que l’on fasse varier le mode de désagrégation des molécules, et la nature de l’électricité variera aussi. On coupe par exemple, avec un couteau non aiguisé, du bois de hêtre chauffé : les fragmens qui se détachent accusent de l’électricité positive; qu’on prenne le bois de hêtre froid, et les fragmens seront électrisés négativement. Variez un peu l’expérience, aiguisez le couteau : les fragmens resteront négatifs, quelle que soit la température du hêtre. Je pourrais citer encore bien d’autres exemples analogues : dans le clivage des minéraux, la solidification des corps fondus, le simple écartement des particules d’un corps élastique, etc., on verrait toujours l’électricité accompagner un changement de la position relative des particules. L’électricité prend encore naissance dans les actions chimiques, et c’est ici le point de départ d’une des branches les plus fécondes de la physique. Toute action chimique détermine une production d’électricité qui se manifeste ou à l’état statique, c’est-à-dire de tension, ou à l’état dynamique, c’est-à-dire de courant.

Il est un autre ordre de phénomènes qui, au lieu de former une branche séparée dans la physique, ne doivent plus être envisagés que comme le résultat de l’action des courans électriques : c’est le magnétisme terrestre. Grâce à la belle découverte d’un physicien danois, OErsted, on a saisi le lien qui unit les phénomènes électriques à la propriété des aimans. On a reconnu que l’électricité agit sur un aimant, et qu’un aimant agit à son tour sur le courant électrique. Si l’on réunit par un fil de métal, dit fil conjonctif, les deux pôles d’une pile voltaïque, et qu’on suspende librement auprès de ce fil une aiguille aimantée, cette aiguille manifestera des mouvemens. Selon qu’elle sera placée au-dessus ou au-dessous du fil, disposée parallèlement ou à angle avec la direction du fil, les mouvemens de l’aiguille changeront de sens; elle se portera tantôt à l’est, tantôt à l’ouest, et la direction sera aussi modifiée suivant que l’on fera communiquer le bout sud ou nord du fil avec le pôle positif ou