Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 28.djvu/234

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des noms peut suffire à indiquer la multiplicité des formes préconisées pour cette classe d’objets ; Le nombre, la configuration des dents ; la disposition qu’elles affectent, la forme du châssis qui les porté ; etc., tout cela permet aux esprits inventifs de modifier ce qui existe ; et de se dire auteurs d’une machine nouvelle. Si l’on cherche à généraliser le plus possible, on ne distingue dans ce nombreux matériel que trois sortes d’instrumens, selon qu’ils sont traînés sans roues, avec roues, et enfin qu’ils roulent sur eux-mêmes.

Les instrumens traînés sans roues ; les herses, sont, à vrai dire, des râteaux que l’homme ne pourrait manier, et que les chevaux promènent sur les terres déjà labourées. On leur ajoute quelquefois des mancherons, et cela bien à tort, parce que ces appendices nuisent aux utiles mouvemens de lacet qui tendent à se produire. La meilleure des herses est celle qui, suffisamment lourde pour le travail qu’on lui demande, armée de dents suffisamment longues, pouvant s’atteler en décrochant (c’est-à-dire les pointes des dents en arrière) ou en accrochant (les pointes des dents en avant), est disposée de telle sorte qu’on puisse faire varier à volonté l’espace laissé libre entre les lignes tracées sur le sol. Ce sont les herses parallélogrammiques qui remplissent le mieux ces diverses conditions : elles attaquent de coin, ce qui en facilite l’action, les obstacles qu’elles rencontrent ; elles creusent obliquement leur passage, ce qui évite les retours des dents dans les mêmes sillons aux hersages suivans ; elles demandent seulement à être attelées avec une adresse et une intelligence qui ne se trouvent pas toujours chez nos ouvriers ruraux. Cette détermination du point fixe sur lequel doit s’exercer le tirage est encore plus difficile quand on accouple deux herses, et je suis porté à croire que la minime difficulté dont il s’agit est au fond la vraie et unique cause du peu de popularité dont jouissent les herses parallélogrammiques.

Si les dents de la herse sont tellement longues et fortes que les chevaux et le conducteur ne suffisent pas à faire fonctionner l’instrument, nos constructeurs ajoutent tantôt deux, tantôt quatre roues de support et une vis, des mancherons ou un levier qui permettent de soulever l’engin et d’en régler le travail. La machine alors prend le nom de scarificateur, d’extirpateur, de griffon, selon la forme des dents dont elle est armée. Le nom et l’aspect ont changé, la herse est demeurée, mais avec un surcroît d’énergie ; aussi demande-t-on à ces instrumens un travail plus difficile. Ce sont eux qui grattent le sol avant le labour, qui donnent aux terres déjà un peu ameublies leur seconde façon ; mais on y retrouve toujours des dents droites ou courbes, étroites ou s’élargissant vers le bas en socs ou en cuillers, c’est-à-dire des coutres modifies et perfectionnés qu’on assemble sur un même châssis comme dans la herse,