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Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 28.djvu/456

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tait la combinaison la plus funeste pour le Danemark, nous l’avons pensé dès cette époque ; en l’acceptant, la Suède servait bien mal la cause du scandinavisme, à moins que celui-ci n’espérât son plus prompt triomphe que du malheur extrême de l’un des membres de la famille Scandinave. Cependant la Suède, pas plus que l’Angleterre et la France, occupées en 1852 de bien autres débats, n’était alors maîtresse des circonstances, et l’accord par lequel l’Europe a réglé si malheureusement les affaires danoises a été dicté par ce qu’on a appelé la nécessité européenne, dont le vrai nom était peut-être nécessité ou volonté prussienne et russe.

La guerre d’Orient, et la bonne conduite du roi Oscar en présence des complications qu’elle pouvait entraîner dans l’avenir, achevèrent de briser les attaches extérieures qui retenaient encore sa politique, et son attitude envers le scandinavisme fut dès lors plus décidée et plus hardie qu’elle n’avait jamais été. En même temps que la vice-royauté confiée au prince royal flattait les Norvégiens, et, grâce aux qualités du jeune prince, conquérait leur dévouement à l’héritier de la double couronne, le roi lui-même se laissait aller à des démonstrations fort significatives. En juin 1856, les étudians de Christiania et de Copenhague venant rendre visite à ceux d’Upsal, Oscar prit sur lui d’imprimer à la fête sa complète signification. Il reçut les étudians à leur arrivée à Stockholm, il les reçut encore à leur retour d’Upsal, leur offrit dans un château royal un banquet, et, dans ces diverses occasions, leur adressa jusqu’à cinq harangues. « Ces réunions, leur dit le roi Oscar, ont un autre sens que celui du moment. Un jour cette jeunesse dirigera les affaires de la patrie… Jeunesse, avenir, se confondent ensemble dans notre pensée ; ils s’appartiennent l’un à l’autre. Sur tous deux brille aujourd’hui le soleil levant d’une étroite fraternité. Ses rayons illuminent les vieilles montagnes de la Scandinavie, ses obscures forêts, ses lacs resplendissans, ses joyeux champs de fleurs. Plus de discordes et plus de haines ! Nos poètes chantent les mêmes hymnes, nos épées sont tirées pour la même défense….. Je propose un toast au roi et au peuple de Danemark ; peuple et roi sont aujourd’hui inséparables dans nos hommages !… » Pendant qu’Oscar parlait ainsi, les orateurs Scandinaves, s’autorisant de ses harangues ou répondant à ses paroles, s’exprimaient à peu près en ces termes : « Le temps est venu où l’idée Scandinave doit sortir des limbes pour devenir une réalité. Les sentimens actuels qu’échangent entre eux les peuples Scandinaves ne suffisent pas. Peu s’en est fallu que, dans la récente guerre des nations occidentales contre la Russie, le Danemark ne se vît entraîné dans une résolution contraire aux sympathies du peuple, et les autres membres de la famille Scandinave étaient impuissans à le retenir en l’affranchissant de toute contrainte. En 1848,