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Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 28.djvu/601

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LA QUESTION
DE L'ISTHME AMERICAIN
EPISODE DE L'HISTOIRE DE NOTRE TEMPS.

II.
COSTA-RICA ET LE PRESIDENT MORA.

V. — LE SARAPIQUI ET LA FORET VIERGE.

Je me faisais une fête de remonter le San-Juan et de pénétrer à pleines voiles dans les régions inconnues que je peuplais déjà des créations d’une ère nouvelle. J’avais appris à Grey-Town ce qu’il m’importait le plus de savoir : le traité Cass-Irizarri n’était pas encore voté par le congrès, et on ne parlait pour le moment d’aucun contrat nouveau de canalisation. Rassuré ainsi sur l’opportunité de mon arrivée, mais sentant que d’heure en heure un incident fortuit pouvait tout compromettre, il me tardait d’agir. J’avais écrit aux deux présidens de Costa-Rica et de Nicaragua pour les prier d’ajourner toute solution qui engagerait l’avenir. Mon itinéraire était tracé d’avance : c’était dans la capitale du Costa-Rica, c’était à San-José que je me tendrais d’abord en remontant un affluent du San-Juan nommé le Sarapiqui. Je pressai les préparatifs du départ, et le 21 mars je m’embarquai dans une pirogue indienne creusée, comme toutes ses pareilles, dans un tronc d’arbre. Cette embarcation, toute primitive qu’elle fût, avait été aménagée avec un certain comfort. Elle était recouverte en partie d’un berceau impénétrable au soleil.