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Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 28.djvu/644

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contredite d’ailleurs par une foule de données géologiques, pût être admise, car, ainsi qu’on l’a judicieusement objecté à M. de Boucheporn, la terre n’a pas qu’un mouvement de translation, elle a aussi un mouvement de rotation, et ce dernier, le choc des comètes ne pouvait nullement en changer l’axe. Supposons que l’on frappe avec force une toupie pendant qu’elle tourne, on réussira à faire osciller son axe, on la renversera même, elle labourera le sol avec violence, mais elle ne tournera pas pour cela autour d’une autre ligne ; on aura altéré la verticalité de son axe primitif, mais ce sera toujours le même axe et les mêmes cercles de rotation. Pour changer d’axe de rotation, la terre eût dû auparavant changer de forme, tandis que, selon M. de Boucheporn, ses dépressions sont nées de nouveaux cercles de rotation. Il est vrai que, pour se tirer de la difficulté, l’ingénieux théoricien prétend que la comète demeura collée à notre globe jusqu’à ce que l’axe nouveau fût établi, sans se soucier de savoir ce qu’elle devint après.

M. Frédéric Klee, savant danois, ne s’est pas contenté d’une inclinaison de l’axe, il admet un déplacement de tout un quart de circonférence. Selon lui, l’ancien équateur faisait un angle droit avec le plan de notre équateur actuel, et le pôle boréal occupait un point marqué par l’intersection de ce dernier plan avec le méridien de l’île de Fer. Puis, ce renversement admis entre les pôles et l’équateur, il en déduit par les effets de la force centrifuge les débordemens de la mer, la submersion des anciens continens, le soulèvement du sol et la formation des chaînes de montagnes dans les zones équatoriales les plus exposées à l’action de la force expansive qui rayonne du centre de la terre. De là le mode de groupement des hauts plateaux de l’Amérique et de l’Asie sur le grand cercle qui représente la position primitive de l’équateur terrestre ; mais, continue M. Klee, à partir du moment ou s’est opéré ce changement de position de l’axe, les mêmes effets de la force expansive ont dû se produire dans une direction normale à la première, autrement dit sur la ligne de notre équateur actuel, et voilà pourquoi les principales chaînes de volcans courent du nord au sud et de l’est à l’ouest. À la rencontre des deux équateurs, au centre même de l’Amérique, l’écorce terrestre ayant subi une double tension, on s’explique l’immense brèche transversale, longue de plus de deux cents milles, hérissée de volcans, qui, M. de Humboldt l’a montré, partage les Andes, relie les deux Océans et semble encore se prolonger à l’ouest en rejoignant par une longue chaîne d’îles d’origine volcanique l’archipel des îles Hawaï ou Sandwich.

On peut opposer à la théorie de M. Klee les mêmes objections qu’aux hypothèses de M. de Boucheporn. Elle est tout aussi hasardé