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Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 28.djvu/660

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sont nécessaires pour établir la généralité du phénomène.

Enfin voici une dernière difficulté. Pourquoi, si le maximum d’altitude des océans existe aujourd’hui sur l’hémisphère austral, y rencontre-t-on cependant des terrains tertiaires appartenant à l’époque qui a précédé les deux derniers déluges ? M. Le Hon ne peut résoudre la question qu’en recourant à l’hypothèse des soulèvemens qu’il avait combattue. Sans doute il cherche à restreindre l’intervention de ce phénomène, il repousse surtout l’idée qu’il ait pu en résulter de vastes cataclysmes ; mais on doit d’abord se demander si ces inondations universelles se sont réellement produites, et ensuite si nous connaissons assez les circonstances de ces déluges, au cas où ils auraient eu lieu, pour discuter la direction que des soulèvemens auraient imprimée aux eaux.

Je ne veux pas m’arrêter à ces difficultés, et je laisse aux géologistes le soin de les faire valoir. Si les terrains tertiaires des Alpes, des Carpathes et de certaines parties élevées de l’Amérique méridionale sont un embarras pour la nouvelle théorie, elle trouve d’un autre côté, dans l’étude des cavernes à ossemens, des faits favorables à sa cause. Les couches successives et alternantes d’ossemens et de stalagmites qu’on y a signalées s’expliquent tout naturellement par le creusement des roches, le transport périodique de matières limoneuses et de débris d’animaux. Tous les dix mille cinq cents ans, il doit se produire un phénomène de ce genre ; la vase et les débris d’animaux apportés sont recouverts pendant la période de tranquillité d’une couche de stalagmites. M. Claussen compta dans une caverne du Brésil jusqu’à sept couches d’ossemens séparées par autant de couches de stalagmites, ce qui ferait remonter l’origine de ces dépôts à plus de cinquante mille ans. Un des grands explorateurs des cavernes du midi de la France, M. Marcel de Serres, à qui l’on doit d’intéressans travaux sur la période quaternaire, avait déjà noté que le remplissage des cavernes ossifères a dû s’opérer graduellement à des intervalles plus ou moins éloignés.

Outre les vues que présente la géologie, M. Adhémar produit encore à l’appui de sa théorie des considérations empruntées aux derniers travaux du savant Américain F. Maury sur les mouvemens de l’atmosphère et des mers Un officier de la marine française, M. Félix Julien, dans un ouvrage curieux intitulé : Courans et révolutions de l’atmosphère et de la mer, s’est chargé de mettre en évidence ces résultats scientifiques. — Si l’on conçoit un bassin allongé, comme serait par exemple une baignoire remplie d’eau, et si l’on agite la main de manière à établir un mouvement parallèle à l’une des parois de la baignoire, on déterminera immédiatement dans un sens inverse un contre-courant parallèle à la paroi opposée ; de même, si dans un pareil