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Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 28.djvu/662

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Le globe se trouve donc environné de six couches d’eau et d’air, à savoir : la couche de mer immobile, autrement dit les eaux bleues ; les courans d’eau froide résultant de la fonte des glaces polaires, et qui se rendent sous l’équateur pour combler le vide fait par l’évaporation ; les courans d’eau chaude marchant en sens inverse, attirés par les vides que la condensation produit aux pôles ; les courans d’air humide qui vont décharger vers les pôles les vapeurs aspirées en traversant les zones équatoriales ; les courans secs de retour formés par ces vents dépouillés de leurs vapeurs ; la couche d’air supérieur qui échappe à l’agitation des courans. Le mouvement de rotation de la terre et les variations qui en résultent dans la chaleur solaire font dévier les quatre courans dans le sens du méridien. La chaleur extrême qu’envoie le soleil sur la zone torride dilate les couches d’air au-dessous desquelles le méridien vient successivement se placer et détermine ainsi un flot atmosphérique qui se meut dans le sens du mouvement apparent, c’est-à-dire d’orient en occident. Les masses d’air qui se précipitent pour remplir le vide produit par cette dilatation forment un courant perpétuel connu sous le nom de vents alizés[1]. Or, lorsque le courant froid et sec venant du pôle austral est rencontré par le vent alizé, les deux vents se composent en un seul, qui coupe l’équateur suivant un angle de 45 degrés. Ce courant se relève ensuite dans les couches supérieures de l’atmosphère, transformé en vent humide par son passage à travers la masse de vapeurs rassemblées au-dessus de la zone équatoriale ; mais là, soustrait à l’influence du vent alizé, il n’obéit plus qu’à l’attraction du pôle combinée avec la rotation. Sortant de la zone torride, le courant d’air se refroidit, devient plus lourd, et, se rapprochant des couches inférieures de l’atmosphère, il se dirige vers le pôle en passant au-dessus de nos continens, sur lesquels il verse une partie des eaux dont il est saturé.

Ce qui vient d’être dit s’applique à tous les points de la surface du globe. La terre est donc enveloppée par l’atmosphère comme par un immense filet, formé de deux systèmes de lignes à double courbure, dont les unes sont les courans qui vont du pôle austral au pôle boréal, tandis que les autres partent de ce dernier pôle pour aller au pôle opposé. Or un premier effet du changement de l’état calorifique des deux hémisphères, supposé par M. Adhémar, c’est d’opérer la translation de la sphère atmosphérique et de la sphère fluide qui les enveloppent, et si, par exemple, les courans d’eaux chaudes et de nuages attirés par l’un des pôles sont plus considérables que les contre-

  1. Voyez, sur la théorie des vents et les dernières découvertes de la météorologie, l’étude de M. A. Laugel, Revue du {{1er juillet 1860.