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Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 28.djvu/880

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une exportation plus forte encore, dont la balance fait entrer chaque année un million de monnaies étrangères, à un mouvement maritime d’environ 30,000 tonneaux, enfin à une consommation intérieure telle que, pour le sucre seulement, elle dépasse 300,000 quintaux, sans compter les produits de la distillation, et qu’on évalue à 400,000 francs au minimum le total des transactions faites chaque samedi sur le marché de San-José[1].

J’ai dit quelle était la physionomie générale du pays. Un large plateau de quatre mille pieds de hauteur en moyenne, borné par trois chaînes de montagnes constellées de volcans. Ces volcans sont l’une des plus grandes originalités de l’Amérique centrale. Ils figurent dans les armes et les écussons de tous ses gouvernemens. Les volcans de Costa-Rica, moins connus que ceux du Nicaragua et de Guatemala, seront un jour des foyers industriels. Tous regorgent de dépôts métallifères, or, argent, fer, cuivre, et la plupart d’entre eux servent de point de repère et de reconnaissance aux marins sur les deux Océans. Le plus élevé du côté de l’Atlantique, l’Irazù, dont j’avais entrevu la cime de douze mille pieds dans la traversée d’Aspinwall à Grey-Town, doit renfermer de précieux gisemens de fer, à en juger par la puissance de coloration, presque instantanée, d’une source brûlante d’eau ferrugineuse, nommée l’agua caliente, qui sort de ses flancs. Ses environs, très pittoresques, où l’on respire un air très vif, m’ont frappé par l’accumulation inouïe des magnificences végétales et des richesses souterraines, montagnes de sel gemme, mines de soufre, vastes carrières d’huîtres de mer d’où l’on tire la meilleure chaux de la contrée. C’est à l’Irazù, dont le cratère n’est pas éteint, qu’on attribue les tremblemens de terre qui ont désolé le pays à diverses époques, notamment en 1841, et presque détruit Cartago, située sur un des contre-forts du volcan, à cinq lieues à l’est de San-José. Cette ville de dix mille âmes était l’ancienne capitale. L’influence politique qu’elle a exercée à diverses époques et son dangereux voisinage l’ont fait déchoir de ce rôle.

Quant à San-José, la capitale actuelle, qui date à peine de cinquante ans, c’est le véritable type des villes espagnoles de création récente : rues tirées au cordeau se coupant à angles droits, maisons sans étages bordées de galeries à un mètre au-dessus du sol, larges

  1. Voici quels étaient les prix courans à Punta-Arenas en 1858 : le quintal de café 12 piastres 60 fr., la chancaca cassonade 5 piastres le quintal. C’est sous cette forme que le sucre est consommé dans le pays ; le sucre raffiné vient du dehors. Une raffinerie aurait les plus grandes chances de succès. On exportait de 5 à 6,000 quintaux de cuirs à 5 piastres le quintal. Les autres élémens d’exportation étaient les perles de Nicoya, les bois de construction et de teinture, la salsepareille, l’écaille de tortue et l’huître de perle.