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Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 28.djvu/986

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Nice, dont la part dans l’ancienne dette piémontaise restait à déterminer et à recouvrer. Au lieu d’anéantir les titres de la dette que la France rembourserait, le ministre demandait à les aliéner en tout ou partie, et à les compléter par d’autres, jusqu’à concurrence de 150 millions.

M. Galeotti, rapporteur de la commission chargée d’examiner le projet ministériel, présenta des chiffres plus complets sur la situation financière et les résultats probables de l’exercice 1860. Il évalua l’ensemble des recettes ordinaires de tout le royaume à 338 millions, et des recettes extraordinaires à 32. Les dépenses ordinaires devaient se monter à 373 millions, et les dépenses extraordinaires à 99, déficit total : 102. En ajoutant à ce chiffre celui du déficit de l’année 1859, on se trouvait en face d’un arriéré de 188 millions, qu’on avait pu couvrir, à 5 millions près, par les emprunts piémontais de 50 et de 100 millions, émis en janvier et octobre 1859, et les emprunts particuliers de la Toscane, de Parme, de Modène et des Romagnes. À ces 5 millions de déficit, il fallait ajouter tout ce qui n’était pas encore réalisé dans les ressources indiquées et toutes les dépenses nouvellement autorisées, c’est-à-dire, d’une part, 15 millions des biens de l’Emilie non vendus et 9 millions 1/2 de titres toscans-non réalisés, d’autre part Il millions remboursables à la société du chemin Victor-Emmanuel, enfin 15 millions demandés pour le ministère de la guerre. L’exercice 1860 se présentait donc avec un minimum de 52 millions. Ce résultat inévitable justifiait-il un emprunt de 150 millions ? Assurément non ; mais le rapporteur reconnaissait que le gouvernement n’avait pas eu le temps de rassembler les élémens d’un budget général et régulier, et il proposait à la chambre d’émettre un vote de confiance, ce qu’elle fit en couvrant d’applaudissemens significatifs les dernières paroles du ministre des finances, M. Vegezzi : « Si, après avoir pourvu aux dépenses de 1861, il reste encore à disposer de quelques millions sur le nouvel emprunt, ces millions seront affectés à ce qui tient tant au cœur des représentans de la nation. »

Tandis que ni le ministre des finances ni le rapporteur de la commission n’avaient donné de détails précis sur les élémens du déficit qu’il s’agissait de couvrir avec cet emprunt, le ministre des finances de la Toscane, maintenue dans un état de séparation provisoire, et M. le marquis Pepoli pour les provinces de l’Emilie, dont il avait géré habilement les ressources avant l’annexion, publiaient sur le budget de 1860 des rapports intéressans à beaucoup de titres. Il ressort du rapport de M. Busacca, ministre des finances de la Toscane, que les recettes de 1860 s’élèveront à 81 millions 1/2, les dépenses à plus de 80. Les revenus ordinaires ne figurent au budget