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Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 32.djvu/397

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financière, la douane et les impôts indirects étant communs. S’il n’était question, dans la déclaration de la confédération germanique, que des affaires particulières au duché de Holstein ou purement provinciales, la demande serait complètement superflue. Les états holsteinois sont déjà en possession de ce pouvoir constitutionnel de voter les lois concernant les affaires provinciales, et si un développement de la constitution holsteinoise dans le sens libéral paraît désirable, ce n’est pas le gouvernement danois qui le refusera ; le roi de Danemark, à plusieurs reprises, a offert aux états des réformes libérales qui ont été repoussées à l’instigation des hobereaux holsteinois. Personne n’est assez ignorant ou assez naïf pour hésiter sur la question de savoir lequel est le plus libéral, du gouvernement danois, qui a rompu avec toutes les traditions du moyen âge pour s’élever au rang des états constitutionnels, ou de la représentation provinciale du Holstein, encore engagée, comme tout ce pays, dans les traditions et les mœurs féodales. Si la demande de la diète de Francfort ne regarde pas cette classe de lois particulières et provinciales, elle a donc trait aux lois communes de la monarchie, et il faut alors la traduire en ces termes : aucune loi votée par la représentation commune et concernant les affaires communes ne sera valable dans le Holstein sans le consentement des états provinciaux de ce duché. Au duché de Holstein sera concédé un droit de veto sur toutes les affaires communes à la monarchie danoise ! — Voyons les effets : l’armée est une institution commune ; or on a depuis longtemps reconnu l’absolue nécessité de réorganiser l’armée ; les états holsteinois reconnaîtront-ils cette nécessité ? Non ; ils ont déclaré leur sentiment sur ce point particulier : ils n’y consentiraient pas ; ils verront très volontiers, avec toute l’Allemagne, la force armée du Danemark énervée et diminuée par une organisation mauvaise. — C’est une institution commune que la marine militaire, et l’on sait par expérience que, contre les attaques de l’Allemagne, la flotte est la défense la plus efficace du Danemark. Cependant, s’il s’agit de voter des crédits extraordinaires pour augmenter la flotte, le veto du Holstein s’y opposera, et l’on ne pourra passer outre ! — Tout cela est insensé. — N’allons pas si loin chercher des exemples, et tenons-nous au seul article sur lequel la confédération germanique a cette fois appuyé sa déclaration : il faudra, exige-t-elle, que le budget périodique de la monarchie danoise soit revêtu, pour entrer en pleine vigueur, du consentement des états provinciaux du Holstein. Voilà donc le Holstein en possession d’arrêter d’un mot tout le gouvernement de la monarchie ! Le fera-t-il ? Assurément, si un tel moyen, à un moment donné, peut offrir des chances favorables à une agression de la part de l’Allemagne. — Déférer à la volonté de