Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 32.djvu/400

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec une véritable douleur qu’il voit l’attitude que le gouvernement prussien a affectée dans cette occasion. Ce gouvernement n’a pas trouvé un seul mot pour désapprouver le ton de ces débats, si inconvenant et si profondément blessant envers une puissance amie et alliée, pas une seule rectification ou une seule expression de doute à l’égard des outrages contre la vérité qui s’y sont produits. Au contraire son organe, le ministre des affaires étrangères, a formellement déclaré que le gouvernement partageait complètement les vues énoncées dans la pétition. Vis-à-vis des empiétemens de la chambre des députés, le gouvernement prussien a laissé à l’écart les principes incontestables du droit des gens et les actes formels, provoqués par la Prusse elle-même, par lesquels l’Allemagne, il y a quelques années, avait pleinement reconnu qu’il n’existe entre la confédération et le duché de Slesvig aucune relation soit politique, soit internationale. — L’usurpation de l’assemblée n’est pas atténuée par la circonstance que la résolution embrasse également le Holstein, attendu que les rapports de la confédération avec ce duché ne sauraient entraîner aucun droit à s’ingérer dans les affaires d’une autre partie quelconque de la monarchie danoise indépendante. Même pour ce qui regarde seulement le duché de Holstein, le gouvernement danois ne peut voir dans la résolution prise qu’une anticipation sur les délibérations encore pendantes de la diète de Francfort, anticipation d’autant plus déplorable qu’elle ne pourra que trop facilement avoir pour conséquence de compromettre le succès des discussions que le gouvernement s’est proposé de provoquer avec les états holsteinois sur la position définitive à donner au duché dans la monarchie. — C’est contre cette conduite de la chambre des députés prussienne, et en particulier contre l’attitude du gouvernement du roi de Prusse, que le gouvernement de sa majesté tient à faire ses réserves. Il proteste hautement contre l’immixtion dans les affaires intérieures d’une partie de la monarchie danoise qui se trouve en dehors de l’action du droit fédéral, et il signale dès à présent l’influence funeste que l’anticipation des discussions pendantes au sein de la diète de Francfort au sujet de la position constitutionnelle du Holstein pourra exercer sur l’issue de cette question. »


Bientôt après l’envoi de cette dépêche, M. Hall la développa dans une circulaire (25 mai) ayant pour but de faire remarquer à toutes les cours étrangères quelle lumière inattendue les débats auxquels il faisait allusion jetaient sur le différend dano-allemand en général.


« Il est clair à présent, disait-il, que les prétentions si ardemment soutenues relativement à la position du Holstein et du Lauenbourg dans la monarchie tendent à un tout autre but qu’à celui de protéger ces duchés dans leurs droits prétendus, et de leur assurer une position satisfaisante dans la monarchie danoise. On avait réclamé à grand bruit ce qu’on appelait, par un singulier abus de mots, « l’autonomie et l’égalité politique » de ces duchés, Selbstaendigkeit und Gleichberechtigung ; aujourd’hui c’est le rapporteur même du comité de la chambre prussienne qui établit en fait que le gouvernement danois non-seulement ne voudra jamais, mais encore ne pourra jamais remplir les exigences telles que l’Allemagne les entend. Une constitution unitaire, — seule reconnue naguère comme compatible avec