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Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 32.djvu/402

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n’avaient réellement pas, et lorsqu’on prétendait confondre la libre manifestation des intentions du roi avec des engagemens internationaux, on affectait d’oublier la forme de ces déclarations, les réserves expresses du gouvernemens danois et la manière enfin dont l’Autrice et la Prusse les avaient accueillies. Elles avaient été d’ailleurs scrupuleusement exécutées par le gouvernement royal.

Telle était la protestation de M. Hall contre les démonstrations de la seconde chambre prussienne. Son langage n’était-il pas celui de la vérité et du bon droit ? Que l’Allemagne exigeât l’accomplissement de la promesse relative à la constitution commune, il y avait encore là quelques apparence de raison, à cause de sa compétence dans les affaires holsteinoises ; mais à quel propos rappelait-elle au roi de Danemark ses promesses envers le Slesvig ? N’était-ce pas là une affaire entre le souverain et ses propres sujets ? Elle-même n’avait-elle pas cent fois reconnu que la diète germanique n’avait pas plus que tout autre gouvernement, en principe, le droit de se mêler des affaires intérieures de l’indépendante monarchie danoise, particulièrement de celle du Slesvig ? M. de Schleinitz commençait lui-même par cet aveu sa réponse, sous forme de dépêche, au ministre de Prusse à Copenhague, M. de Balan (29 mai 1860) ; mais il est vrai qu’en même temps il transformait les explications de 1851 et 1852 (erläuterungen, le mot est formel) en des engagemens internationaux, en des stipulations formelles, de telle sorte que l’Europe tout entière, ou tout au moins la confédération germanique, devait absolument veiller sur la manière dont les promesses d’alors étaient exécutées envers le Slesvig. Partant de là, il soutenait que les droits consacrés par les arrangemens de 1852 en faveur des duchés leur étaient constamment refusés ; proclamant la fidélité « éprouvée et demeurée toujours inviolable » des sujets allemands du roi de Danemark, il défait M. Hall et qui que ce fût de citer un fait, un seul fait, de nature à faire croire que les droits sacrés du prince légitime eussent jamais été méconnus ou seulement mis en question par les populations de ces duchés allemands !

Celui qui parlait ainsi était le ministre de la même puissance allemande qui avait eu à négocier avec le Danemark le traité de Berlin pour terminer une guerre de trois années, durant laquelle cette puissance était intervenue au secours des duchés contre le roi de Danemark ! Il avait entendu parler pendant ces négociations d’un prince rebelle à châtier, de l’autorité royale à rétablir, d’une armée révolutionnaire de trente mille homme qui s’était battue contre l’armée royale sur le sol même du royaume, d’une représentation révolutionnaire qui avait discuté publiquement la déchéance de la maison d’Oldembourg, de la formation d’un état de Slesvig-