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Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 32.djvu/674

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caractère propre, accusant toutes l’importation de germes venus du dehors, et dont aucune n’offrait une antiquité comparable, même de loin, à celle des vieilles sociétés de l’Asie ou de l’Europe. Ici encore en tout et partout le polygénisme est ou en contradiction avec les faits, ou impuissant à en rendre compte, tandis que le monogénisme concorde entièrement avec eux et les explique sans effort.


Parvenu au terme de notre course, jetons un regard en arrière et rappelons le chemin parcouru. — En procédant à la manière des classificateurs de toutes les écoles, à la manière de Linné et de Lamarck, nous avons distingué l’homme de tous les autres êtres, en particulier des êtres organisés, parce qu’aux phénomènes qui lui sont communs avec eux, il en ajoute d’autres d’un ordre entièrement nouveau. Les faits de moralité et de religiosité, la cause d’où ils émanent, ont caractérisé pour nous le règne humain et l’ont séparé des animaux, comme les faits de vitalité et la cause qui les produit caractérisent les végétaux pour tous les naturalistes, et les isolent des minéraux.

Étudiant cet être exceptionnel, nous nous sommes demandé s’il constituait une ou plusieurs espèces. Ici il nous a fallu faire un détour. Ne pouvant résoudre par l’homme lui-même un problème qui touchait à l’homme, nous avons dû nous adresser aux végétaux, aux animaux, chez lesquels tous les naturalistes admettent l’existence des espèces ; nous avons dû leur demander ce qu’il fallait entendre par ce mot, à quoi on reconnaissait cette chose. La botanique, la zoologie, interrogées successivement, ont donné une seule et même réponse. Nous avons constaté que, dans cette question, on pouvait conclure des végétaux aux animaux, et de ce fait nous avons tiré la conséquence qu’on pouvait conclure des uns et des autres à l’homme, car tous sont également des êtres organisés et vivans, par suite également soumis aux lois qui régissent l’organisation et la vie, c’est-à-dire à la physiologie générale. Examiné à ce point de vue, l’homme nous a montré partout les phénomènes qui caractérisent une seule et même espèce. L’investigation directe nous a donc conduit à admettre l’unité de l’espèce humaine.

De là même il résultait nécessairement que les théories fondées sur la multiplicité des espèces humaines ne pouvaient être vraies. Toutefois les partisans de ces théories avaient opposé à cette conclusion des objections de diverses natures. Nous avons pris ces objections une à une, nous les avons soumises au contrôle des faits, des lois reconnues comme existant chez tous les êtres vivans autres