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Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 32.djvu/852

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que « des warrants comme ceux dont il avait été usé portaient atteinte aux privilèges du parlement et à la liberté des sujets ; item, que toute personne agissant en vertu de warrants pareils serait déclarée ennemie de la chose publique. » Puis, comme il s’agissait de rédiger une déclaration dans ce sens, le jeune Henry Vane y fit ajouter fort sagement « que la chambre n’entendait en aucune manière protéger les cinq gentlemen en question, non plus qu’aucun autre membre des communes, contre des poursuites criminelles d’aucune espèce, qu’elle s’empresserait au contraire de leur infliger le châtiment dont ils seraient dignes, pourvu qu’il fût procédé contre eux conformément aux lois du royaume. » C’est en ce sens que la déclaration fut rédigée, votée et imprimée ; puis on se sépara en fixant le lieu de la prochaine réunion, pour le lendemain, dans Grocer’s-Hall, attendu que le conseil municipal réclamait la salle où la première délibération du comité venait d’avoir lieu. La nuit du 6 au 7 janvier fut marquée par une panique soudaine. Sur le bruit répandu à Ludgate, vers les neuf ou dix heures du soir, qu’on venait de la part du roi saisir militairement les cinq membres fugitifs, les milices de la Cité, convoquées à grandes clameurs, furent sur pied dans l’espace d’une heure. Arm ! arm ! criait-on en frappant aux portes, et près de quarante mille hommes complètement armés répondaient à cet appel nocturne, sans parler d’une centaine de mille autres qui étaient descendus dans la rue avec des hallebardes, des épées, des bâtons, etc. Le lord-maire cependant déploya tout son zèle royaliste, et parvint à faire rentrer chez elle cette multitude effarouchée, de quoi il fut remercié, le surlendemain, par un ordre exprès du conseil, ordre qui lui prescrivait en outre de « rechercher les auteurs inconnus de cette espèce d’émeute, afin qu’ils fussent sévèrement punis. »

Le vendredi 7, réuni à Grocer’s-Hall, le comité des communes entreprit une espèce d’enquête relative à ce qui se nommait déjà « l’outrage du 4 janvier. » Divers témoins furent entendus qui déclarèrent que l’intention, hautement exprimée, des hommes armés par lesquels sa majesté s’était fait accompagner avait été de « forcer les communes à obéir au roi. » Bien qu’étranger, j’avais été cité à comparaître, et je comparus en effet devant messieurs du comité, à qui je rendis compte (sans compromettre personne) de la part que j’avais prise à la découverte du plan formé pour se saisir de M. Pym et de ses amis. Sir Simonds d’Ewes fit voter aussitôt que « la venue de gens armés avec sa majesté avait eu pour but de se saisir de quelques membres de la chambre, et de se jeter, en cas de refus et de résistance, sur la chambre elle-même, ce qui constituait un dessein de trahison contre le roi et le parlement. » Comparurent ensuite les deux sheriffs de Londres, porteurs des warrants qu’ils avaient