Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 36.djvu/471

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LA HONGRIE
ET
L’ALIMENTATION DE L’EUROPE


La discussion soulevée récemment au sein du corps législatif par le projet de loi relatif à la suppression de l’échelle mobile a mis sous les yeux du public — des renseignemens du plus haut intérêt sur le commerce international des céréales. Les partisans et les adversaires du système de protection, aujourd’hui définitivement abandonné, ont successivement passé en revue les forces productives des pays d’exportation et les prix auxquels leurs produits peuvent arriver sur les marchés étrangers, les besoins des pays d’importation et les prix auxquels ils peuvent recevoir des céréales étrangères sans apporter un trouble fâcheux dans les conditions de leur propre agriculture. La Russie, les principautés danubiennes, l’Égypte, l’Amérique, toutes les contrées auxquelles on a successivement décerné le nom, plus ou moins mérité, de grenier de l’Europe, ont eu les honneurs de la discussion ; mais nulle part, si nous en exceptons deux lignes de l’exposé des motifs, il n’a été question d’un pays qui est cependant appelé à exercer quelque jour une grande et heureuse influence sur l’alimentation de l’Europe occidentale : nous voulons parler de la Hongrie[1].

Si les céréales de la Hongrie n’ont figuré jusqu’à ce jour dans cette alimentation que pour une part tout à fait secondaire, cela tient uniquement aux conditions dans lesquelles a dû s’en opérer jusqu’ici l’exportation. Cet état de choses peut et doit changer. Par sa position géographique, par le bon marché relatif de sa culture, par le chiffre de sa production, qui est

  1. Quand nous disons la Hongrie, il doit être entendu que nous comprenons sous cette désignation non pas seulement la Hongrie proprement dite, mais encore les autres territoires qui sont considérés comme ses annexes, à savoir : la Croatie, la Slavonie et le banat de Temesvar.