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Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 36.djvu/57

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LE DRAC.

LE DRAC.

Ah ! que me dis-tu là ? il n’est donc pas dans le tien ?… Oui, je me souviens, quand j’étais saintement épris de toi, c’est la pureté de ton âme qui me charmait. Ah ! Francine, j’étais alors le frère de ton bon ange !

FRANCINE.

Et tu es devenu le frère du mauvais ?

LE DRAC.

Non, je suis devenu homme !

FRANCINE.

Eh bien ! si tu es devenu ce que tu dis, tu peux encore être sauvé. Je vas prier pour toi.

LE DRAC.

Où donc vas-tu prier ?

FRANCINE.

Dans la chambre où ma pauvre mère est morte, à côté de son lit. Quand je suis Là, je m’imagine que je la vois et que nous prions toutes les deux ; ça fait que je prie mieux là qu’ailleurs.

LE DRAC.

Et que vas-tu demander pour moi ?

FRANCINE.

Que le bon Dieu t’ôte l’envie et le pouvoir de faire du mal.

LE DRAC., ému.

Eh bien ! va, Francine, et prie de tout ton cœur. Elle entre dans sa chambre.


Scène VIII.

LE DRAC, seul, puis LE FAUX BERNARD, invisible.
LE DRAC, la regardant.

Elle prie pour moi !… Elle m’aime donc !… Non, c’est pour Bernard qu’elle prie, en demandant au ciel de me guérir. Ah ! perfidie de la femme ! je ne serai pas ta dupe ! Il ferme la porte de Francine. Je ne peux plus connaître qu’un plaisir, la vengeance : soit ! — Fantôme, à moi !

VOIX DU FANTÔME, sous terre.

Je suis là !

LE DRAC.

Où est Bernard ?

LA VOIX.

Près d’ici.

LE DRAC.

Quand les marins voient leur double, la peur les fait mourir ?

LA VOIX.

Oui.