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Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 36.djvu/75

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remuant à plusieurs reprises sa trompe et ses larges oreilles. Nous nous quittâmes les meilleurs amis du monde, et le soir je rentrai à Port-Louis.


II. — LE SOL, LES PRODUCTIONS, LE CLIMAT.

Le solde de l’île Maurice est entièrement composé de roches volcaniques comme celui de l’île Bourbon. Les coulées de laves et de basaltes s’aperçoivent nettement en tous les points où le terrain est mis à nu, et les galets du rivage, par leur structure poreuse, leur couleur et leur composition, révèlent leur caractère géologique. Seulement l’action volcanique a cessé ici de bonne heure, probablement peu de temps après l’apparition de l’île au-dessus de la mer. On ne trouve en effet à Maurice aucun volcan en activité comme à Bourbon, ni même aucun indice de feux souterrains, par exemple des sources thermales ou des dégagemens de gaz. Les roches volcaniques du pays sont employées comme pierres de construction et donnent d’excellens matériaux. Des calcaires grenus déposés par les coraux le long du rivage sont à leur tour exploités comme pierres à chaux, et cette chaux s’emploie surtout pour amender les terres ou clarifier les sirops de la canne. Des sables ferrugineux fournissent une bonne pouzzolane, et pourraient servir en peinture comme sanguine ; on a même essayé d’en retirer le fer qui s’y trouvait contenu. On n’a jamais eu l’idée de rechercher dans les sables ou dans les galets de la côte l’or, le platine et l’argent, comme on l’a fait à Bourbon, où une société parisienne a cru un moment, sur la foi d’analyses mal faites, avoir rencontré d’inépuisables placers.

Si les richesses minérales de ces contrées ne sont que d’une importance secondaire, il en est autrement des richesses agricoles. À Maurice comme à Bourbon, tous les arbres des tropiques semblent réunis à plaisir. C’est le cocotier au tronc élancé, dont la noix renferme une eau bienfaisante ; le bananier, le plus grand des végétaux. herbacés, dont les figues pendent en longues grappes autour du sommet de la tige ; le manguier au feuillage touffu, dont les fruits tiennent à la fois de la prune et de la pêche et dépassent de beaucoup celle-ci par leur grosseur. Le pignon d’Inde, dont on retire une huile abondante, le papayer, au tronc sans branches, formant une colonne qui porte pour chapiteau une couronne de melons ; verts, le vacoa, dont les racines sortent de terre et dont les tiges sont disposées autour du tronc comme les branches d’un chandelier, sont également des arbres que l’on trouve presque en tous lieux, le vacoa surtout, dont on tresse les feuilles pour en faire des