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Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 41.djvu/513

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lui et le comte d’Olivarez s’étaient étonnés que, sur cette occurrence, et ledit comte d’Olivarez s’étant ouvert à moi, comme il fit en quelque façon, je n’eusse entré en nulle offre ni compliment du roi vers eux; s’agissant d’une cause commune et du mépris de l’infante Marie, laquelle paraissant excellemment conjointe de sang à l’une et à l’autre couronne, il semblait indigne de l’amitié de ces deux grands rois qu’en une offense pareille sa majesté s’abstînt de faire une offre de cavalier, quand, pour raison d’état, il se penserait obligé à se conduire d’autre sorte. Une telle offre était le sceau de tous les bons termes où les choses étaient depuis quelque temps entre ces deux couronnes; mais si la France attendait qu’elle lui fut demandée, la nation d’Espagne, qui s’humilie mal volontiers, prendrait plutôt le chemin de fléchir vers l’Angleterre, ce qu’elle pouvait faire secrètement, que vers nous, semblant requérir le roi en leur besoin. Ainsi il lui paraissait très à propos que je procurasse de recevoir ordre du roi de m’enquérir de l’état de cette affaire, et d’offrir au roi catholique ressentiment du mépris personnel que, par le bruit commun, il avait appris qui paraissait en la conduite de l’Anglais. Ledit sieur nonce me promettait, en la vérité et sincérité dont je suis témoin qu’il a toujours traité avec moi, que les Espagnols s’ouvriraient avec le roi, et, lui faisant voir la procédure entière de l’Anglais, montreraient des choses particulières concernant le service de sa majesté. De là ledit nonce descendit à plusieurs discours et démonstrations sur le particulier fruit que pourrait tirer la chrétienté de l’union de leurs majestés très chrétienne et catholique, où je le laissai s’étendre tant qu’il voulut, pour considérer, comme je fis, que ce qu’il me disait, étant accompagné de cette promesse, ne pouvait être par hasard, ni comme un simple discours, mais une chose concertée avec M. le comte d’Olivarez. Ce qui fit que je lui répondis que ces messieurs de deçà, tournant, comme ils font, toutes choses à leur profit, se pourraient prévaloir d’un tel office pour nous brouiller avec le roi d’Angleterre, et puis après traiter plus commodément leur affaire, et à nos dépens. A quoi il me fit une nouvelle offre qui est que le conseil d’Espagne me donnera par écrit, en cas que je fasse l’office au nom du roi, qu’ils ne feront ni traiteront, même à l’avenir, aucune chose avec l’Angleterre, non-seulement sans en donner part à sa majesté, mais sans que le roi en ordonne, et soit lui-même le ministre et le mouvement de ce qui se résoudra pour ce regard. En quoi le roi manifestement devient arbitre entre eux et les Anglais, et par conséquent de la restitution du Palatinat et autres différends subsistans à présent en Allemagne. Mondit sieur le nonce descendit sur le particulier du mariage de Madame, et me proposa plusieurs partis pour l’accommodement, en conformité de ces deux grandes maisons de France et d’Espagne ; à quoi je répon-