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Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 43.djvu/348

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M. de Walter de Neurbourg et le baron de Pouilly, maréchaux-de-camp, qui furent élus plus tard aux états-généraux ; dans le tiers-état, plusieurs échevins de Metz, le maire de Toul, le maire de Sarrebourg, le maire de Thionville, le lieutenant-général du Clermontois. Les deux procureurs-syndics élus furent, pour les deux premiers ordres, M. de Tinseau, lieutenant-colonel, et pour le tiers-état M. Maujean, chevalier, seigneur de Labry, maître-échevin de la ville de Metz.

Ce titre de maître-échevin avait une grande importance historique, La ville de Metz avait été longtemps une véritable république, gouvernée par une aristocratie bourgeoise assez semblable à celles des républiques italiennes et des villes libres de l’empire. La charge de maître-échevin était d’abord à vie ; elle devint annuelle à partir du XIIe siècle. Tant que dura la souveraineté épiscopale, le maître-échevin balança l’autorité des prélats ; après la réunion du pays messin à la France, il ne fut guère plus qu’un maire ordinaire, et en échange de ses antiques privilèges on lui donna la noblesse et le titre de chevalier. Une organisation analogue se retrouvait dans les villes épiscopales de Toul et de Verdun.

L’intendant de Metz, M. Depont, étant empêché par un deuil de famille, ce fut l’intendant de Nancy, M. de La Porte, qui remplit les fonctions de commissaire du roi. La question du tarif fut, comme à Nancy, le principal objet des délibérations, mais elle ne donna lieu qu’à un rapport assez bref. « La province, y était-il dit, a toujours été très attachée à ses franchisés ; le reculement des barrières n’a jamais été envisagé qu’avec effroi par toutes les classes d’habitans. Demander ou consentir le tarif, quand même on aurait l’espérance qu’il ferait naître des manufactures, serait opérer un mal très certain et très grand, pour un seul espoir très incertain et peu vraisemblable. » L’assemblée vota, à l’unanimité des voix, que le roi serait supplié de ne pas reculer les barrières à l’extrême frontière de la province et de ne pas lui imposer le tarif. Là aussi on s’exagérait la portée du changement proposé ; ce vote montre toujours combien les provinces qui avaient goûté de la liberté du commerce répugnaient à accepter des douanes, même quand on leur offrait en échange le libre accès du marché français.

L’assemblée retentit des doléances des manufacturiers de Sedan contre le traité de commerce avec l’Angleterre. « La draperie royale de Sedan, dit le bureau du bien public, qui voit sa ruine inévitable, a représenté au conseil du roi l’anéantissement de son commerce, la situation désespérée de quatorze mille ouvriers sans ressources, la chute prochaine de ses maisons les plus accréditées. La ville de Sedan, quoique contrariée par sa situation géographique