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Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 43.djvu/808

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liquidé dans une journée, sans qu’il ait été déboursé ni un sou ni une bank-note. Se passer de l’argent tout en faisant les grandes affaires d’argent est l’idéal vers lequel tend la science pratique des Anglais, et dans cette voie elle a réalisé des merveilles. On a calculé que, depuis l’introduction du système de nettoyage (clearing), 3 millions de livres sterling avaient été retirés de la circulation. Ils n’étaient plus du tout nécessaires.

Le banking department se trouve placé sous la surveillance d’un homme intelligent, M. Miller, qui l’appelle volontiers son nourrisson, my baby, parce qu’il a en effet développé avec une sorte d’amour la vie de ce district administratif. Dans tous les bureaux, la balance des comptes doit être fixée avant la fin de la journée avec une exactitude rigoureuse : s’il y a la moindre objection, chaque commis ne se donne point de repos et ne peut quitter sa place avant que l’erreur ne soit découverte, fût-elle seulement d’un penny. Jusqu’à la moitié du dernier siècle, la Banque d’Angleterre n’avait guère de rapports intimes qu’avec le gouvernement ; mais depuis une centaine d’années elle s’est tournée de plus en plus vers les besoins du commerce et de l’industrie. Ce dernier ordre de services embrasse, sous le nom de bill office, plusieurs branches distinctes : une première section où les billets à ordre appartenant aux cliens de la Banque ou à la Banque elle-même sont triés et disposés de manière à se présenter sans faute le jour de l’échéance, puis le bank-post-bill-office, où l’on peut se procurer contre de l’argent des billets à six ou sept jours de date, la Banque restant responsable du paiement lorsque le billet arrive, comme on dit ici, à maturité ; enfin le discount office, bureau d’escompte. En France, la moyenne des billets escomptés par la Banque est de 1,000 francs (40 livres sterl.) ; en Angleterre, cette moyenne flotte entre 300 et 400 livres sterling, donnant ainsi la différence du crédit entre les deux nations. Toute personne qui exerce à Londres un commerce respectable et qui présente des garanties suffisantes peut ouvrir avec la Banque des relations d’escompte, si elle est recommandée par un des directeurs ou des deux gouverneurs. À partir de ce moment, elle jouit du privilège d’envoyer chaque jour ses billets à la Banque pour être escomptés ; la valeur ou la qualité de ces billets se trouve néanmoins soumise à l’approbation du conseil de surveillance. Le taux de l’escompte varie, il suit le mouvement naturel de hausse et de baisse qui régit sur le marché toutes les valeurs. Il est arrivé plus d’une fois qu’à un taux très bas des intérêts, conséquence inévitable d’une grande masse de capitaux sans emploi, ait succédé une élévation soudaine du numéraire. Dans ce cas, ainsi que le disait si bien dans la Revue M. Foucade, le rapport existant entre la réserve métallique et la réserve des