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Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 47.djvu/273

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qu’on a emprunté au sous-sol pour le combiner avec le terrain tourbeux; là ce sont des dunes entières qu’on a transportées pour en répandre la maigre silice sur des prairies trop humides; ailleurs au contraire on a tiré du fond de l’eau les détritus tourbeux pour les mêler à des terres trop sablonneuses, ou bien on a extrait de l’argile pour communiquer à la superficie du sol une fertilité nouvelle. Et que de travaux pour défendre cette terre préparée au prix de tant d’efforts industrieux et soutenus! Comme elle se délaie et s’éboule facilement partout où des eaux courantes la touchent, il a fallu la préserver par des pilotis et des planches, par des clayonnages et des fascines, par des briques et des appareils de tout genre. Aussi, tandis qu’ailleurs pour faire connaître l’économie rurale il suffit de dire comment on exploite la terre, ici il faut encore indiquer comment on l’a formée.

L’ordre que nous suivrons pour étudier l’agriculture néerlandaise[1] nous est tracé d’une manière très nette par la nature géologique des terrains. Nous visiterons d’abord les terres d’alluvion qui bordent les côtes, puis les terres plus élevées qui appartiennent au diluvium, enfin la région plus ancienne du Limbourg, qui se rattache à la Belgique.


I.

Les terres d’alluvion s’étendent le long des côtes de la mer et au bord des grands fleuves qui arrosent les Pays-Bas, défendues tantôt par des digues, tantôt par les dunes de sable ou par ces îlots qui, au nord du Zuyderzée, forment comme une série de forts détachés propres à rompre le choc des flots. Cette zone, qui renferme aussi une grande étendue de tourbières basses (lage veenen), com-

  1. Pour contrôler les résultats de mes observations personnelles, j’ai consulté un très grand nombre de publications dont je ne puis donner ici l’énumération. Je crois cependant devoir citer les beaux travaux de M. C. W. Staring, inspecteur-général de l’enseignement agricole : De Bodem van Nederland, Haarlem 1855 ; — Voormaals en thans, Haarlem 1858; — De Aardkunde en de Landhouw in Nederland, etc. M. Staring a publié également une magnifique carte en quinze feuilles, d’une conception toute nouvelle, où il indique à la fois la nature des terrains et le genre des cultures qui les mettent en valeur. Je ne puis oublier non plus les excellens articles de M. le baron L. A. J. W. Sloet tot Oldhuis, actuellement gouverneur-général des Indes, et de son frère, M. le baron B. W. A. Sloet tot Oldhuis, publiés par ce dernier, à la fois poète distingué et économiste éminent, dans le recueil périodique qu’il dirige : Tydschrift roor staats-huishoudkunde en Statistiek. Les publications officielles concernant l’agriculture se bornent jusqu’à présent à un rapport annuel sur la situation des récoltes et du bétail, intitulé Verslag van den Landhouw in Nederland. Les Pays-Bas ne possèdent pas encore de statistique agricole dans le genre de celle qu’ont publiée la France et la Belgique. On le regrette d’autant plus quand on voit avec quel soin est fait l’Annuaire (Statustuej Jaar boek voor het Konningryk der Nederlanden) rédigé par M. von Baumhauer et publié par le département de l’intérieur.