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Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 47.djvu/729

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que ce soit voir en Italie de ces institutions scolaires soutenues par les provinces ou les municipes; mais précisément parce que nous désirons voir cette transformation se réaliser, nous craignons que le succès n’en soit compromis par des mesures prises avec trop de précipitation. De tels essais tentés dans de mauvaises conditions ne pourront guère aboutir qu’à des résultats imparfaits et de nature à dégoûter les autorités locales de cette initiative. C’est dans les villes où règne une grande activité scolaire qu’on peut confier aux efforts municipaux les institutions d’enseignement : là le public comprend le profit qu’il en peut tirer et voit ses sacrifices récompensés; mais les universités libres de Pérouse, de Camerino et de Ferrare ne réussiront qu’à donner à grands frais à un petit nombre d’étudians une instruction insuffisante. Nous le répétons, c’est là un danger réel pour le système qu’elles représentent, et il eût bien mieux valu que ces villes se contentassent de quelque bonne école secondaire, ou qu’elles n’eussent du moins, au lieu d’une université complète, qu’une ou deux facultés seulement. L’Emilie, c’est-à-dire la province qui est formée de la réunion des Légations et des anciens duchés de Parme et de Modène, compte, outre l’université de Ferrare, dont nous venons de parler, celle de Parme, qui avait en 1862 268 étudians, celle de Modène, qui en comptait 390, celle de Bologne, qui en possédait 4 ou 500, et qui s’est accrue, paraît-il, cette année même d’un certain nombre d’étudians vénitiens appartenant à l’émigration. Ici encore, sans discuter la valeur comparative de ces universités, je ne puis m’empêcher de faire remarquer que leur coexistence sur un territoire qu’on parcourt aujourd’hui en quatre heures y sera toujours un obstacle à un concours suffisant d’élèves. On sera surtout frappé de cette superfétation quand on saura quelles coûtent 800,000 francs au gouvernement, c’est-à-dire une somme égale à celle qui, dans le budget français, défraie tout l’enseignement supérieur. On ne peut donc que regretter la précipitation avec laquelle l’instruction supérieure a été dans ces provinces, avant l’annexion, réglementée par des lois générales, dont le but principal était d’augmenter le nombre des chaires et les appointemens des professeurs. Hâtons-nous cependant d’ajouter que, sous le rapport de l’instruction élémentaire et professionnelle, l’Emilie et surtout les Romagnes ont suivi après la révolution une marche progressive où nous n’avons rien à blâmer. On pourrait citer vingt villes de ce beau territoire qui depuis trois ans ont quadruplé le nombre de leurs écoles élémentaires, et qui ont fondé des écoles professionnelles et des lycées. Il faut même avouer que les populations des Romagnes, pleines d’activité et d’initiative, habituées depuis longtemps à une excellente administration municipale, encore imbues des traditions de l’ancien royaume d’Italie, se plaignent