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devoir, obliger ces étudians à justifier des études qu’ils avaient faites et des examens qu’ils avaient passés précédemment à Pavie, des troubles ont éclaté, et nous avons dû proposer au roi Victor-Emmanuel de fermer l’université de Pavie. Quant à la faiblesse des examens, nous n’avons qu’à citer des chiffres. Dans la session des examens de l’année scolaire 1861-62, il y a eu, sur 11,865 candidats, 11,147 reçus; le nombre des refusés est donc à peine de 6 pour 100. Si l’on excepte de ce calcul les universités de Naples et de Turin, la proportion des refusés n’est plus que de 3 1/2 pour 100. Il serait superflu de rapporter ici les chiffres relatifs aux universités étrangères : rappelons seulement qu’à l’École de médecine de Paris la moyenne des refusés varie entre 18 et 26 pour 100; à Oxford, ce nombre oscille entre 18 et 38; en Belgique, pour les examens de doctorat, il y a jusqu’à 30 candidats refusés sur 100, et cette proportion monte jusqu’à la moitié pour les examens des élèves universitaires.

Comment l’Italie sortira-t-elle d’une position si contraire à la dignité des études supérieures, si dangereuse pour l’état et pour la société, si désastreuse pour ses finances? Il y a eu toujours, et plus souvent parmi nous qu’ailleurs, des hommes de talent, des érudits, des théoriciens, qui ont imaginé qu’il n’y avait qu’à proclamer la liberté de l’enseignement et à abolir les règlemens pour relever nos universités. Nous n’offenserons point les personnes qui soutiennent une telle opinion en disant qu’elles se placent, par rapport à notre ordre scolaire, dans la même position que les garibaldiens vis-à-vis de l’armée régulière. Nous ne reproduirons pas ici les généralités qu’on connaît sur la liberté d’enseignement : on sait bien que pour les études supérieures cette liberté ne peut fleurir qu’à la faveur d’une grande curiosité scientifique, d’habitudes répandues de travail intellectuel, de rétributions universitaires assez fortes et d’un chiffre élevé de fortune publique. Ce sont des conditions que rencontrent actuellement en Allemagne et en Angleterre les privat-docent et les universités libres. Certainement nous ne devons pas empêcher par nos lois que de semblables institutions se développent parmi nous, nous devons même seconder les efforts privés qui peuvent se produire; mais ce serait une illusion de compter sur cette ressource pour arriver à fortifier nos études et à relever notre enseignement supérieur. A l’heure qu’il est, on ne trouverait en Italie ni une ville, ni une compagnie privée qui voulût fonder à ses frais des établissemens de physique, de physiologie, des écoles de mathématiques, de philologie, d’histoire, etc. Et en tout cas, ce n’est pas un état naissant comme le nôtre, ni une nation à peine formée qui peut compromettre son avenir en se dépouillant entièrement de la haute direction des études supérieures. Il ne s’agit ni de couper les