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Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 47.djvu/794

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faite à la bienfaisance et au travail a été considérable. De 1815 à 1830, les recettes de toute nature se sont élevées à 682 millions 1/2, et les dépenses à 684 millions 1/2, sur lesquels les hospices ont absorbé Si millions, les travaux publics 110, et la dette municipale plus de 122. En retranchant du chiffre de 684 millions de dépenses générales 70 millions pour la police, 155 millions pour les redevances de la ville envers l’état, on voit combien cette administration économe était à la fois bienfaisante et active. N’oublions pas que c’est pendant cette période que Paris a commencé à devenir une métropole industrielle et commerçante. Le mouvement qui précipita la population vers l’ouest de Paris s’est vivement dessiné alors par le morcellement de tous les grands jardins publics situés à l’extrémité occidentale de la ville, tandis que les quartiers de l’est, le Marais, le Temple, etc., se voyaient envahis par les manufactures et les industries de tout genre.

La révolution de 1830 changea plutôt la forme que l’esprit de l’administration parisienne. Au point de vue financier, elle n’eut point toutes les suites fâcheuses qu’on pouvait d’abord redouter. La ville de Paris a souvent fait la triste expérience de ce que coûte la substitution violente d’un régime de gouvernement à un autre; mais cette fois elle put sortir sans trop de peine d’une grave épreuve. Tandis que les deux invasions de 1814 et de 1815 lui avaient imposé 50 millions de dettes, les événemens de 1830 se liquidèrent au moyen d’un emprunt de 2 millions au trésor et de 3,684,000 francs à la Banque de France. Ainsi encore, tandis que la disette de 1816 et de 1817 avait entraîné le pouvoir municipal dans des dépenses de près de 20 millions, le budget de la ville en 1831 ne comprit, dans une année de cherté pour le blé, qu’une allocation de 500,000 fr. pour distribution de soupes et de pain à prix réduit, et le budget de 1832 n’eut à pourvoir que pour 1,500,000 francs aux dépenses extraordinaires nécessitées par l’invasion du choléra. Encore faut-il ajouter que les emprunts faits en 1830 au trésor et à la Banque n’eurent pas seulement pour objet d’effacer d’urgence les traces matérielles de la guerre civile, mais aussi d’ouvrir des ateliers et de distribuer des salaires.

La révolution de 1830 n’en eut pas moins, au premier moment, pour la fortune de la ville, deux résultats regrettables : d’abord la diminution de ses recettes ordinaires, qui baissèrent dans la seule année 1831 de 8 millions; puis l’atteinte portée à son crédit, car elle ne trouva pas de souscripteurs à l’emprunt de 15 millions qu’elle tenta immédiatement de négocier pour parer au déficit des revenus. Heureusement ce ne fut là qu’une secousse passagère, et dès l’année suivante, c’est-à-dire au commencement de 1832, la ville put négocier un emprunt de 40 millions en obligations remboursables en