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Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 47.djvu/827

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d’égouts à ciel ouvert ; enfin il fallait préparer l’écoulement même des vidanges dans les conduits souterrains et le raccordement des nouvelles galeries avec les anciennes. Au moyen de galeries principales où les anciennes viennent se déverser, de branchemens dirigés de chaque maison sur les conduites publiques, au moyen enfin du débouché de toutes les galeries dans de grands collecteurs, dont deux, sur la rive droite, traversent Paris de l’est à l’ouest, et dont un, sur la rive gauche, reçoit la Bièvre et se dirige par les quais jusqu’au pont de la Concorde, où il passe le lit de la Seine dans un siphon, les immondices de Paris s’écoulent dans un grand souterrain de 5 kilom., qui part du pont de la Concorde et aboutit à Asnières. À la lueur de lampes-phares, une vraie navigation fluviale, avec bateaux à vannes et écluses mobiles, procède au nettoiement de la grande ville. Quelle immense distance de ce savant système à celui die l’arrosement des ruisseaux par les bornes-fontaines, ouvertes deux heures par jour, et qui constituait cependant un véritable progrès sur l’état antérieur ! De telles améliorations ne s’accomplissent pas, on le conçoit, sans beaucoup d’argent : il reste donc, pour compléter le système des égouts, à dépenser 60 millions, dont 20 seront payés par les particuliers pour l’établissement des branchemens entre leurs maisons et les conduites publiques. Disons, pour en finir avec les voies souterraines, que la canalisation du gaz atteint déjà 924 kilomètres. La ville se trouve encore, on le voit, en face d’une dépense de 100 millions applicable à la distribution des eaux salubres et à l’écoulement des eaux malsaines. Quand cette œuvre sera entièrement accomplie, Paris ne laissera rien à désirer sous le rapport de la propreté et des conditions hygiéniques.

Nous n’avons point cherché à diminuer la part qui revient à l’autorité municipale actuelle dans l’amélioration matérielle de la ville de Paris ; mais, toute méritoire que soit l’œuvre, elle ne constitue pourtant que la moitié des devoirs imposés à une grande administration. À côté et au-dessus des intérêts matériels se placent ceux de l’intelligence. Or, dans la satisfaction qu’ont reçue les intérêts des habitans de Paris depuis dix ans, les intérêts matériels proprement dits n’ont-ils pas eu la plus large part ? Il est presque superflu de le démontrer. Ce n’est pas, et nos chiffres l’ont établi, que l’administration municipale ait négligé le côté moral et religieux de l’œuvre multiple qui lui était confiée. Nous avons vu comment le budget de la bienfaisance publique s’était accru et comment d’autre part la proportion entre le nombre des indigens assistés et celui des habitans de Paris avait diminué. L’administration de l’assistance, confiée à un directeur spécial et responsable devant l’opinion, poursuit et réalise toutes les améliorations que notre propre expérience et celle des peuples voisins peuvent lui enseigner. On ne peut craindre d’ailleurs