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Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 48.djvu/22

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collection des œuvres contemporaines, est éclairé en dedans ou par en haut, les murs n’en ont presque pas d’ouverture, et l’étage supérieur est fermé par une muraille sans fenêtre. On a divisé cette longue bande en nombreux compartimens, devenus chacun un tableau à fresque. D’après les dessins de Kaulbach, Nilson a représenté sous une forme tantôt directe, tantôt allégorique, tout ce que le roi Louis a fait ou fait faire pour l’honneur des arts en Bavière. Les travaux accomplis par ses ordres y sont retracés. Ceux des arts secondaires comme la céramique ou la peinture sur verre n’y sont pas oubliés. Les cérémonies où les artistes ont été récompensés, enfin les portraits des plus célèbres, rien ne manque. Si l’on comparait à cette suite de compositions celle des plafonds de l’ancien musée Charles X, la France n’aurait certainement pas le mauvais lot. Ajoutez qu’en traitant des sujets contemporains, on n’a pu éviter les uniformes, les habits noirs, les chapeaux ronds, enfin toutes les disgrâces de nos accessoires modernes. Des colosses en frac font une étrange figure, exposés à la lumière du soleil à cinquante pieds au-dessus du sol. Il faut joindre à ces laideurs inévitables les fantaisies du goût allemand. Ainsi le premier cadre à droite représente les génies ou les muses des trois grands arts enfermés dans un tombeau que viennent à l’envi briser des artistes mieux inspirés. Or ce tombeau est gardé par un cerbère, et quelles sont ses trois têtes? Trois têtes à perruques, trois faces grotesques grotesquement attifées et poudrées. Cette caricature en pleine peinture d’histoire étonne au point qu’on doute de ce qu’on voit. La ressemblance avec les toiles de théâtre, brossées à grands traits pour quelques années, parfois même pour quelques soirées, poursuit ces peintures décoratives où des artistes de mérite ont gaspillé une certaine fécondité d’imagination. Franchement on ne peut applaudir ici qu’au sentiment généreux qui a voulu associer dans un monument public à la gloire du prince protecteur des beaux-arts la gloire plus grande de ceux qui les ont ranimés et illustrés sous son règne.

Cet amour de la gloire nationale, qui n’a jamais cessé d’inspirer le roi, l’a déterminé à construire sur une colline, en vue de Munich, ce portique simple qu’il a appelé la salle de la Renommée. Une statue colossale en bronze de la Bavière s’élève au milieu et domine les toits de toute la tête, comme la Minerve de l’Acropole, et sous la colonnade sont rangés les bustes en marbre de tous les hommes qui ont honoré le pays. On aime à remarquer que les hommes distingués par l’intelligence, le talent, le savoir, y tiennent plus de place que les fonctionnaires de l’état, et sont seuls en possession d’un renom véritable. A. Durer, Holbein, Hans Sachs, Gluck, Richter et Schelling illustrent cette pléiade, dont plus d’un astre est