Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 48.djvu/304

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’autre de droite à gauche. Il résulte de cet ensemble deux mouvemens de rotation en sens inverse qui s’annihilent par leur opposition et un mouvement commun d’ascension qui entraîne la nacelle vers le firmament. Ce n’est pas tout encore, car les deux hélices à axe vertical ne produiraient qu’un mouvement vertical. Il en faut une troisième à axe horizontal qui jouera le même rôle que le propulseur dans le bateau à vapeur, et produira la marche dans le sens horizontal. Cependant ce dernier organe pourrait être supprimé, à la condition que le pilote pût incliner à volonté l’axe des deux premières hélices, car le mouvement se fera toujours dans le sens de cet axe : si l’axe est d’aplomb, on montera verticalement ; s’il est incliné à l’horizon, on s’avancera obliquement, comme un navire qui court des bordées.

Maintenant, pour donner une idée complète de l’aéronef, qu’on se figure un plancher concave comme un fragment de sphère au milieu duquel est implanté un mât qui sert d’axe aux deux hélices principales, Le moteur, une machine à vapeur sans doute, est installé au pied du mât, à la portée du mécanicien ; tout autour, un balcon et une cloison en vitrage transparent, pour mettre le voyageur à l’abri des courans d’air qu’engendrerait la rapidité du vol ; sur le côté, le gouvernail ou l’hélice directrice qui donnera le mouvement de translation ; en haut du mât, au-dessus des ailes, un parachute qui s’ouvrira de lui-même, comme tous les appareils de ce genre, au moment où la descente commencera, et plus haut encore la banderole aux couleurs nationales, flottant dans les airs. On conçoit sans peine que ce système ne sera pas aussi difficile à diriger qu’un ballon : il n’a qu’une médiocre surface, il offre peu de prise au vent. Une force relativement faible suffira pour lui imprimer une vitesse de translation considérable, par exemple 100 kilomètres à l’heure. Si l’aéronef veut marcher dans le sens du vent, la vitesse du vent s’ajoutera à la sienne propre ; s’il marche contre, sa vitesse sera diminuée d’autant ; mais, à moins d’un ouragan d’une violence extrême, il s’avancera dans le sens qui lui sera fixé.

Jusqu’ici la conception est irréprochable, et la théorie ne souffre pas d’objection, car si les ailes sont assez étendues et qu’elles tournent assez vite, on ne peut nier que l’appareil entier s’élèvera et voguera dans l’atmosphère. On a bien fait quelques observations. Les ailes, tournant avec rapidité, seront animées d’une force centrifuge telle qu’elles s’arracheront elles-mêmes de l’arbre auquel elles seront fixées ; mais avec une surface assez grande, répond l’inventeur, elles n’ont pas besoin de tourner plus vite que le volant d’une machine ordinaire. D’ailleurs la solidité dépend de leur forme et de leur nature. — Dans les hautes régions de l’atmosphère, dit-on encore,