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solides, le long desquelles les ouvriers recueillent soit l’étain, soit la terre de porcelaine.

Les mines proprement dites diffèrent des travaux de Carclaze (stream works), en ce qu’au lieu de chercher le métal dans une excavation à ciel ouvert, les ouvriers le poursuivent au contraire sous terre dans des galeries ténébreuses. Les plus pittoresques sont sans contredit les fameuses mines sous-marines exploitées sur la côte nord-ouest de la Cornouaille, aux environs de Saint-Just. Parmi ces dernières, qui ont toutes un caractère grandiose, il faut citer d’abord les mines unies (united mines) ; elles s’étendent tout près du cap de Cornouaille, un vaste entassement de rochers qui s’avancent fièrement dans la mer. Un groupe de maisons destinées à loger les machines à vapeur s’élèvent perchées sur le front de hautes falaises déchirées par la poudre à canon ou attaquées par le marteau. Ces rochers ont défié la mer, ils sont brisés par l’homme. Leurs ruines rougeâtres contrastent avec la surface noire des autres récifs qui les avoisinent, battus par la tempête. La mine oppose à la mer de ce côté-là une sorte de plate-forme ressemblant à la proue d’un navire. Les travaux s’étendent le long de précipices affreux au fond desquels écument les lourdes vagues de l’Atlantique. De distance en distance, un ouvrier pousse sur un sentier étroit, ou même sur une planche fragile, un petit chariot chargé de pierres, profitant des pentes rapides pour économiser ses forces. Sur le bord des abîmes béans apparaissent comme suspendus des lacs d’eau rougie par une terre ocreuse, ou, si l’on veut, pour l’oxyde d’étain, et dans lesquels s’enfoncent jusqu’aux genoux des hommes et des enfans. Ce liquide coule ensuite dans la mer : on dirait le sang des mines, et il colore les vagues à une distance assez considérable, ajoutant ainsi une zone rouge aux zones d’écume et de vert foncé qui se déroulent avec fracas. Cette côte est sévère ; mais les mineurs paraissent si bien familiarisés avec les beautés farouches de la nature, que, leur tâche terminée, ils vont prendre l’air et se chauffer au soleil, avec leurs femmes, dans les crevasses de Pornanven-Head, un rude promontoire, droit comme un mur, et auquel il faut s’accrocher des pieds et des mains. La mine du Levant (Levant mine) présente dans certaines places un caractère encore plus formidable. Là, dans des gorges de rochers qui s’entr’ouvrent comme pour défier toute communication, les ouvriers ont trouvé moyen de se faire un passage d’une pointe à l’autre, sur de grossiers viaducs suspendus entre le ciel et l’Océan. Et pourtant, malgré le danger, malgré un ensemble de traits sinistres, quelle scène de mouvement et d’activité !

De toutes les mines dites sous-marines, parce qu’elles s’étendent sous le lit de l’Atlantique, celle qui attire le plus de touristes et