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La mine de Dolcoath emploie treize cents personnes, cinq cents dans les travaux souterrains et huit cents à la surface du sol. Ces ouvriers et ouvrières sont payés une fois par mois. Tous les moralistes de la Cornouaille condamnent ce système de paiement à longs intervalles, qui contraste d’une manière si pénible avec l’habitude généralement adoptée en Angleterre de remettre chaque semaine à l’ouvrier le fruit de son travail. J’ai assisté dans la mine de Botallack à la distribution des salaires ; la table du bureau était littéralement couverte d’or ; près de 1,500 livres sterling allaient se disperser en quelques heures. Bien peu de cette pluie d’or tombe d’ailleurs dans la main de chacun ; le gain d’un mineur est en moyenne de 17 shillings par semaine. Le grand jour du paiement est en même temps celui où a lieu pour le mois suivant ce qu’on pourrait appeler le marché des travaux. Le régisseur de la mine, general manager, s’avance dans la chambre vers une fenêtre dont le vasistas supérieur a été abaissé, et, montant sur une chaise, il s’adresse de là comme d’une tribune à l’assemblée des mineurs, qui sont restés en plein air. Un registre à la main, il lit à haute voix les demandes d’argent qui ont été faites par les ouvriers pour tant de toises de travail, et ce que la mine est décidée à leur offrir. La réduction est en général très considérable ; mais elle est presque toujours acceptée. Les ouvriers savent très bien qu’ils rencontreraient ailleurs les mêmes conditions.

Cependant le minerai, que nous avons vu préparer dans les ateliers de la mine, sort bientôt des hangars pour se rendre sur un autre théâtre de travaux. Si c’est de l’étain, il est acheté par les fonderies de la Cornouaille, tin smelting works. La plus importante de ces fonderies est celle de M. Bolitho à Penzance. Là le minerai, apporté dans des sacs sur de lourds chariots, est soumis à un examen et payé selon sa valeur ; il passe ensuite par une nouvelle série d’épreuves très intéressantes jusqu’à ce qu’il devienne métal. La Cornouaille produit environ par mois 1,300 tonnes de minerai d’étain, qui se réduisent par la fonte à 850 tonnes de métal, et représentent par an un capital d’un million de livres sterling. L’étain fondu en Cornouaille est ensuite dirigé vers la principauté de Galles et le Stradfordshire, où il est converti en lames et appliqué aux divers besoins de l’industrie. S’il s’agit du cuivre au contraire, le minerai se vend d’abord à Redruth ou à Truro, selon un mode particulier de transactions auquel on a donné le nom de ticketing. Dans une salle consacrée à cet usage, on annonce la quantité de minerai qui est arrivée ce jour-là sur le marché et la qualité telle qu’elle a été déterminée par des essais faits d’avance sur les échantillons, samples. Les enchérisseurs, bidders, rangés autour d’une table, écrivent sans mot dire leurs offres sur un morceau de papier,