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Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 48.djvu/448

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mesurée avec les instrumens des physiciens. — Voilà donc la lumière de la torche expliquée, c’est-à-dire rapportée à ses causes prochaines.

Mais aussitôt s’élèvent de nouvelles questions. Pourquoi la torche dégage-t-elle des gaz ? Pourquoi ces gaz renferment-ils du charbon en suspension ? Pourquoi sont-ils portés à une température élevée ? — On y répond en soumettant ces faits à une observation plus approfondie. La torche renferme du charbon et de l’hydrogène, tous deux élémens combustibles. Ce sont là des faits observables : le charbon peut être isolé en chauffant très fortement la matière de la torche ; l’hydrogène fait partie de l’eau qui se produit lorsqu’on brûle la torche. Ces deux élémens combustibles de la torche enflammée s’unissent avec un des élémens de l’air, l’oxygène, ce qui est un nouveau fait établi par l’analyse des gaz dégagés. Or cette union des élémens de la torche, charbon et hydrogène, avec un élément de l’air, l’oxygène, produit, comme le prouve l’expérience faite sur les élémens isolés, une très grande quantité de chaleur. Nous avons donc expliqué l’élévation de la température. En même temps nous expliquons pourquoi la torche dégage des gaz. C’est surtout parce que ses élémens unis à l’oxygène produisent, l’un (le charbon) de l’acide carbonique, naturellement gazeux, l’autre (l’hydrogène) de l’eau, qui à cette haute température se réduit en vapeur, c’est-à-dire en gaz. — Enfin le charbon pulvérulent et suspendu dans la flamme, à laquelle il donné son éclat, se produit, parce que l’hydrogène, plus combustible que le charbon, brûle le premier aux dépens de l’oxygène, tandis que le charbon mis à nu arrive à l’état solide jusqu’à la surface extérieure de la flamme : selon qu’il y brûle plus ou moins complètement, la flamme est éclairante ou fuligineuse. — Voilà donc la série de nos seconds pourquoi résolue, expliquée, c’est-à-dire ramenée par l’observation des faits à des notions d’un ordre plus général.

Ces notions se réduisent en définitive à ceci : la combinaison avec l’oxygène des élémens de la torche, c’est-à-dire du carbone et de l’hydrogène, produit de la chaleur. — Elles sont plus générales que le fait particulier dont nous sommes partis. En effet, elles expliquent non-seulement pourquoi la torche est lumineuse, mais aussi pourquoi la combustion du bois, de la houille, de l’huile, de l’esprit-de-vin, du gaz de l’éclairage, etc., produit de la lumière. L’observation de ces effets divers prouve qu’ils dérivent d’une même cause prochaine. Presque tous les phénomènes de lumière et de chaleur que nous produisons dans la vie commune s’expliquent de la même manière. On voit ici comment la science positive s’élève à des vérités générales par l’étude individuelle des phénomènes. Avant