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Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 48.djvu/669

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des circonscriptions que s’est ouverte la période électorale. Cette opération n’a pas été restreinte aux circonscriptions dans lesquelles l’accroissement ou la diminution du nombre des députés rendait inévitable un nouveau partage de territoire. Elle a été étendue à quatorze départemens où, le nombre de députés étant resté invariable, aucun changement n’était dès lors nécessaire. Cette rectification se rattachait-elle à des préoccupations politiques? C’est ce qui semblerait résulter des explications de l’un des ministres orateurs. « Sur ces quatorze départemens, déclarait-il, il est juste d’en mettre en dehors trois au moins dans lesquels il est certain qu’il n’y aura aucune lutte électorale. » A l’égard des autres, l’interprétation contraire semblait donc permise, et les informations données n’ont fait entrer en ligne de compte que les convenances locales; mais comment ne pas redouter cette intervention des convenances locales quand elle peut servir à favoriser des combinaisons qui ont un tout autre intérêt qu’un intérêt géographique?

Le début de la période électorale a été marqué également par un large usage du droit d’avertissement exercé à l’égard des journaux. On multiplia les applications de ce droit avec une sévérité dont sept avertissemens dans le courant d’un mois, accompagnés d’un arrêté de suspension, donnent la pleine mesure. Toutefois, pendant les vingt jours qui précédèrent les élections, le pouvoir se contenta le plus souvent des avis communiqués, qui, contenus dans une certaine limite, sont pour le gouvernement le droit de réponse. Il est encore juste de reconnaître qu’à Lyon et à Bordeaux comme à Paris des journalistes candidats purent, sans être inquiétés, faire servir leurs journaux à la défense de leurs candidatures; mais quand la modération dépend du bon vouloir des hommes, elle est bien variable et bien précaire. On en a plus d’un exemple; nous n’en citerons qu’un seul. Attaqué avec la dernière violence dans une feuille administrative qui l’appelait un Autrichien et lui reprochait d’être tout, excepté un loyal Français, un ancien député, M. Plichon, s’adressant au seul journal indépendant qui pût donner asile à ses réponses, ne pouvait l’obtenir; le journal avait été averti officiellement par le commissaire de police que le numéro qui contiendrait ces documens serait saisi.

C’est à ce même régime d’une tolérance le plus souvent refusée qu’ont été mises les réunions électorales. Pour couper court à toute illusion, le gouvernement crut devoir se servir du Moniteur pour rappeler, même avant la convocation des électeurs, que la loi interdisait les associations de plus de vingt personnes qui se réuniraient sans l’agrément de l’autorité publique. Quoique la légalité, jusqu’alors inattaquable, des comités fût aussitôt savamment défendue