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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 novembre 1863.

Il y a un mois, à la veille de l’ouverture de la session, embrassant les perspectives de la situation politique de la France au dedans et au dehors, nous demandions dans quelle voie la France allait pousser son développement et sa marche progressive, si notre action allait se porter sur l’intérieur ou sur l’extérieur, s’il était possible de remplir l’une de nos missions en négligeant l’autre, s’il n’était pas préférable, s’il n’était pas nécessaire de mener de front les deux tâches. La question a fait bien du chemin depuis un mois : les affaires extérieures et les affaires intérieures ont été, dans ce court intervalle de temps, posées devant les intérêts et devant la conscience publique avec un caractère saisissant de nouveauté, de solennité et de gravité. Nous avons eu le mirage d’un congrès et la vérification des pouvoirs de la nouvelle chambre, l’ostentation d’un nouveau système de politique étrangère et l’épreuve d’un système de politique intérieure. Il y a eu coïncidence éclatante entre le problème du dehors et le problème du dedans. Il n’y a point là une rencontre de hasard: dans l’apparition des questions de ces deux natures, la simultanéité est l’annonce d’une solidarité certaine. Au point où les choses en sont venues, il est impossible que notre politique étrangère et notre politique intérieure ne soient pas liées entre elles par une influence réciproque, que l’une puisse marcher sans l’autre. Si l’on n’était pas effarouché par le pédantisme des vieux mots de l’école, nous demanderions la permission de dire que nous touchons à la plus haute synthèse de la politique intérieure et extérieure de la France.

La brillante illusion du congrès a été de courte durée. On, sait qu’elle ne nous a pas captivés un seul instant, que, pour notre compte, nous avons prédit sans hésitation ce qui est arrivé et ce qui devait infailliblement arriver. Nous n’avons pas même besoin de discuter aujourd’hui l’argumentation serrée par, laquelle le cabinet de Saint-James a répondu d’emblée aux ouvertures de l’empereur, car nous avions indiqué, d’avance les objections que rencontrerait chez les grandes puissances la proposition d’un congrès.