Tu le vois, notre chère Pompéa a l’indulgence des âmes qui ont souffert; sur ma demande, elle remet son départ à ce soir.
Chère comtesse, vous n’avez pas à vous excuser de soupçons que tout justifiait.
Chère madame Barini, vos habitudes de franchise ont fait tomber le voile sous lequel Henri voulait me dérober son passé; grâce à vous, je le connais tout entier : rien ne gênera donc plus l’abandon de votre causerie.
Madame, déza que moun bavardage a bien tourné, zé mé sens soulazée d’oun grand poids, perqué ce né serait pas trop d’oun doublé bâillon per forcer la povera Barini à la dissimulation.
Restez ce que vous êtes, mon excellente amie; assez de gens pratiquent aujourd’hui l’art de feindre.
Chère sœur, à la suite d’un entretien avec Emma, j’ai obtenu d’elle qu’elle ne différât plus mon bonheur : elle me sacrifie son hiver à Paris, et consent à ce que je la ramène près de sa mère ; là, notre mariage sera célébré suivant nos bonnes coutumes germaniques.
Tu sais, Fritz, combien j’ai désiré cette union: je vous félicite tous deux; mais qui vous force à nous quitter? Votre mariage ne peut-il avoir lieu aussi bien à Paris, ou même à Maran?
Emma a sur ce point des scrupules que je partage : il lui semble qu’en France quelque chose manquerait à la sainteté de notre union. Cela peut paraître un préjugé, mais à nos yeux il a la force d’un devoir.
Mais vous ne comptez pas partir aujourd’hui?
L’opinion d’Emma...
La tienne, cher frère?
Entre celle qui va devenir ma femme et moi il n’y a plus qu’un même sentiment, et nous croyons, puisqu’il faut nous quitter...
Oui, ma sœur, une séparation est devenue nécessaire, et pour éviter à tous de pénibles déchiremens, il vaut mieux que notre départ ait lieu sur-le-champ.