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Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 48.djvu/819

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Il ne semble pas toutefois que le prince, dans les années qui suivirent, soit demeuré fort touché de ce souvenir, ou que, en fait de peinture décorative, le régent de France ait eu à cœur de justifier les inclinations du duc d’Orléans. Pendant la minorité de Louis XV, on peignit, non plus à fresque, mais à l’huile, force chapelles, force plafonds dans les églises et dans les palais : les tâches analogues à celles qu’avaient accomplies Mignard et Lafosse n’en étaient pas moins passées de mode. Le goût régnant dans la seconde moitié du XVIIIe siècle ne devait pas, on le sait de reste, encourager ceux qu’auraient pu tenter par hasard les traditions de l’art « héroïque » et les exemples du passé. Si l’on construisit encore des coupoles, ce ne fut plus pour embellir la maison de Dieu, mais pour ajouter à la magnificence d’un salon ou à l’élégance d’un boudoir ; si le pinceau fut employé, à la décoration de ces voûtes profanes, il n’eut plus, il ne pouvait plus avoir d’autre tâche que de les enjoliver à l’imitation de Boucher et de ses pareils, d’y suspendre des guirlandes d’amours, de fleurs ou des trophées de galans attributs. Quant aux dômes des édifices publics que le XVIIe siècle avait laissés nus à l’intérieur, les murs en restèrent tels sans que personne songeât à s’en étonner ou à s’en plaindre. À l’exception des peintures confuses et théâtrales dont Pierre revêtit en 1762 la coupole de la chapelle de la Vierge dans l’église de Saint-Roch à Paris, on ne trouverait guère à citer, parmi les monumens de l’art français sous les règnes de Louis XV et de Louis XVI, un travail en ce genre de quelque importance, une œuvre ayant, à défaut d’autre mérite, celui de compléter tant bien que mal l’architecture et de meubler ce qui ne saurait après tout rester vide sans perdre la moitié de sa signification. On s’était peu à peu habitué à voir les coupoles dénuées de leur complément pittoresque, comme nos yeux sont accoutumés encore à voir inhabitées des niches faites tout exprès pour loger des statues. Aussi lorsqu’après un bien long intervalle Gros eut essayé de renouer la tradition du XVIIe siècle, lorsqu’il eut découvert en 1824 la coupole qu’il venait de peindre dans le Panthéon redevenu l’église de Sainte-Geneviève, bon nombre de spectateurs accueillirent comme une innovation absolue ce qui n’était en réalité qu’un retour à d’anciens usages. Il nous reste à examiner jusqu’à quel point la réforme était heureuse dans les termes et quel surcroît d’honneur elle pouvait ajouter au glorieux nom du peintre de Jaffa et d’Aboukir.

Bien que les peintures de la coupole de Sainte-Geneviève, achevées sous la restauration, représentent une scène conforme aux idées officielles et à la politique de l’époque, on sait que les premiers linéamens en avaient été tracés sous l’empire, et que cette composition primitive, dont Napoléon lui-même avait prescrit le sujet, devait consacrer les origines des dynasties royales et impériales ayant