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Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 48.djvu/885

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LES
CHANTS POPULAIRES
DE L'ANGLETERRE

L’Angleterre est, avec l’Allemagne, un des pays où les monumens de la poésie populaire ont le plus occupé l’érudition et la critique. Cette poésie, qui se conserve surtout en Italie par la tradition orale, a été l’objet en Angleterre de recherches et de travaux qui nous ont valu depuis le commencement du siècle plus d’une importante publication. En interrogeant les nombreux recueils anglais, en les rapprochant des documens déjà consultés sur la poésie populaire en Italie[1], nous aurons à signaler plus d’une différence caractéristique. Un idiome plus âpre, une inspiration lyrique moins spontanée, un sens musical moins ouvert, voilà ce qui frappe tout d’abord chez les Anglais. On s’éloigne de la culture grecque et latine pour se rapprocher de la rudesse germanique. Sous un ciel rigoureux, le caractère de l’homme s’endurcit, la religion même semble s’assombrir. Et pourtant, si l’on interroge ces vives manifestations, ces épanchemens intimes où se révèle la vie morale d’un peuple, on est forcé de reconnaître là des qualités supérieures, l’amour du foyer par exemple, qui, en s’élargissant, devient l’esprit national

  1. Voyez l’étude sur les Chants populaires de l’Italie dans la Revue du 15 mars 1862. — Les sources d’information sur la poésie populaire des trois royaumes sont aussi abondantes que variées. Citons seulement : Percy, Reliques of ancient poetry, 12e édition : — Wright, The Political songs of England from John to Edward II ; du même, Potitical songs and poems relating to english history, from Edward III to Richard II ; — Chappel, Popular music of the olden time ; Charles Dibdin, Original sea-songs ; — Aytoun, Ballads of Scotland ; — Crofton Croker, Historical and popular songs of Ireland, etc.