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ans les artistes qui pourraient remporter le grand prix à vingt-cinq ?

Cette faveur cependant avait été accordée à l’Institut par l’empereur Napoléon Ier à une époque où les hommes appelés sous les drapeaux se dégageaient difficilement. Le 16 mars 1809, le secrétaire perpétuel de l’Académie des Beaux-Arts, Lebreton, écrivait au ministre de l’intérieur, Cretet, pour réclamer cette exemption. Dix jours après, il lisait à l’Académie une réponse ou le ministre l’informait qu’il avait fait part, en l’appuyant, de sa réclamation au ministre d’état[1], et le 13 mai 1809 celui-ci écrivait à son tour au secrétaire de l’Académie que le bénéfice de l’exemption était assuré aux seconds prix comme aux premiers[2]. Ainsi la faveur que le premier empire, avait accordée aux artistes en temps de guerre, le second la leur retire en pleine paix !

Cette rigueur a d’autres conséquences dont il est aisé de se rendre compte, car, dans les diverses fondations qui se rapportaient aux prix de Rome, tout s’enchaînait avec une touchante prévoyance. Ce n’était pas assez de sauver la vie des futurs lauréats, il fallait assurer la sécurité de leur travail. Des legs et des donations constitués par des particuliers venaient en aide aux jeunes gens pauvres, et leur permettaient de se livrer tout entiers à leur art. Le 5 mars 1847, M. le baron de Trémont insérait cette clause dans son testament :


« Il sera fondé deux prix d’encouragement de mille francs chacun, mis à la disposition de l’Académie des Beaux-Arts de l’Institut, pour être décernés par elle à deux jeunes peintres ou statuaires et à un musicien, pauvres et distingués dans leurs études… Je désire que les seconds prix appellent principalement l’attention de l’Académie. »


Le 26 mai 1855, Mlle Esterre Leclère, voulant honorer la mémoire de M. Achille Leclère, son frère, architecte, membre de l’institut,

  1. Voici la lettre du ministre de l’intérieur : « J’ai reçu, monsieur, la lettre que vous m’avez adressée le 16 de ce mois relativement au sieur L…, qui réclame l’exemption du service militaire, comme ayant obtenu un second grand prix. J’ai écrit dans le sens de cette lettre à son excellence le ministre d’état, directeur-général de la conscription militaire. Les détails dans lesquels je suis entré montreront que l’intention de sa majesté a été d’accorder la même faveur aux seconds grands prix qu’aux premiers. » « CRETET. »
  2. « J’ai l’honneur de vous prévenir, monsieur et cher confrère, que, suivant les explications qui m’ont été données par son excellence le ministre de l’intérieur au sujet du degré de faveur que sa majesté veut bien accorder aux élèves couronnés chaque année par l’Institut national, les jeunes gens qui ont remporté les premiers et seconds prix de peinture, sculpture, etc., sont également fondés à prétendre à l’exemption du service militaire. » « Comte de CESSAC. »